de retour dans sa maison fort tard, plusieurs domestiques vont se plaindre amèrement des duretés du valet de chambre de son fils. Le père fait appeler là-dessus le bas-officier de sa garde et lui ordonne de l'arrêter. Le jeune comte Bestushew, averti de ce qui se passait, s'habille à la hâte, va à sa rencontre l'épée à la main et le menace de le tuer sur le champ, s'il persistait à exécuter l'ordre de son père. Le bas-officier en ayant informé celui-ci, le Grand-Chancelier lui enjoint d'aller arrêter son fils. En rage et plein de fureur, le jeune comte vole dans la chambre de son père, lui disant qu'il lui ferait voir à qui il avait affaire, que ce n'était pas en qualité de fils qu'il l'avait affronté, mais comme une personne caractérisée qui se trouvait au service de l'Impératrice, tirant l'épée sur le père, de sorte que celui-ci, pour se défendre, en doit avoir fait autant de bruit qu'ayant éveillé la mère, celle-ci, entièrement prévenue en faveur de son fils, accourt les séparer et charge son mari de mille reproches. L'on ignore jusqu'ici quel parti le Grand-Chancelier aura pris pour faire subir à son fils la juste punition qu'il mérite. Le crime de ce dernier est énorme, surtout dans un pays où le droit du pouvoir paternel est d'une étendue plus grande que partout ailleurs. Mais on prétend que le Chancelier n'ose pas porter les choses à l'extrémité, en cette occasion, de peur que son fils, poussé à bout, ne s'avise de révéler bien des choses qui pourraient entraîner la perte du père. Si ses ennemis voulaient se mêler sous main de cette brouillerie, l'affaire pourrait peut-être servir à le renverser, du moins à diminuer beaucoup son crédit.“ | Quand il serait arrivé que le fils avait poussé son affaire à bout, on aurait pu dire que la Providence aurait vengé par le crime du fils les crimes que le père avait commis envers presque toute l'Europe. Au surplus, je doute fort que cette brouillerie sache diminuer le crédit du dernier, qui s'est profondement ancré. Federic. |
Nach dem Concept.
4532. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 29 septembre 1750.
Il est bien sûr, tout comme vous le dites dans votre dépêche du 18 de ce mois, que le Chancelier n'oubliera rien pour tailler le plus de besogne qu'il pourra au ministère de Suède; le meilleur conseil que je saurais donc fournir à celui-ci, c'est d'avoir de bons furets et espions, pour développer ceux qui sont attachés ou vendus à la Russie, et