<98> d'aussi justes mesures pour que la copie ne puisse point avoir chemin faisant un sort égal à celui que son original a eu. J'ose même vous prier instamment de vouloir bien recommander à votre cour afin qu'elle me garde le même secret, et que je n'en aie à craindre en aucune façon. Sur quoi, je prie Dieu etc.,

Federic.

Extrait d'une lettre de Munich du 27 août 1750.

A mon arrivée en cette cour, j'ai été bien reçu de Leurs Altesses Électorales, autant que de Sa Majesté l'Impératrice douairière et de toute la sérénissime famille électorale. Les uns et les autres m'ont d'abord témoigné beaucoup d'empressement à conserver et à resserrer toujours davantage les nœuds d'une étroite amitié avec Leurs Majestés Impériales et Royales. Le ministère m'a parlé sur le même ton, et j'ai répondu par des contestations réciproques. Bientôt après, on a commencé à me sonder sur Mirandole et Concorde,1 sur l'accomplissement de l'article 15 des préliminaires de Füssen,2 sur quelques vieilles prétentions d'ici, comme le débit du sel de la Bavière en quelques contrées de la Bohême, et enfin sur tout ce que notre cour avait encore à remplir à l'égard de celle d'ici, quoique la plupart de ces prétentions ont été invalidées ou faute des conditions non remplies pour lesquelles certains avantages ont été stipulés, ou par le quinzième article de la paix de Bade. Comme mes instructions étaient trop générales pour m'autoriser à entrer dans la discussion de ces prétentions, j'ai tâché de les décliner, mais on m'a dit qu'on s'attendait une fois ici à voir les effets des paroles.

Cela m'a fait comprendre que la bonne harmonie n'était pas encore établie sur un assez bon pied, tant qu'on lui pose pour principe des sacrifices que notre cour doit faire; et comme toujours l'on a pris à tâche de la part d'ici de faire sonner haut à la cour de Londres l'éloignement que témoignait la nôtre de vouloir entrer en discussion des susdits objets, tandis que toujours de ce côté-ci l'on a éludé la matière, en dépit des instances faites par MM. les comtes de Chotek et Frankenberg, j'ai enfin par ordre de ma cour, et pour mettre celle-ci dans tout son tort vis-à-vis du ministère anglais, donné un mémoire, le 5 de juillet, par lequel j'ai déclaré que j'étais prêt et autorisé à finir tous les différends qui pourraient subsister sous le titre von nachbarlichen Irrungen; à quoi l'on n'a encore répondu, depuis deux jours, que par un compliment vague et préliminaire.

Le parti français, qui est le plus fort et qui environne la personne de l'Électeur, ne laisse pas de lui fournir de temps en temps des idées qui l'éloignent plutôt qu'elles ne le rapprochent de nous; ce Prince, qui, au fond, paraît avoir de fort bons sentiments, est trop étranger dans les affaires pour éviter toujours les pièges qu'on lui tend, et cela




1 Vergl. S. 48.

2 Vergl. Bd. IV, 135 Anm. 2.