4461. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 11 août 1750.
J'ai reçu votre relation du 31 du mois dernier. Quoique je vous passe les idées que vous vous êtes formées par rapport à la façon de penser des ministres de France relativement aux affaires du Nord, je dois cependant vous dire que je suis en droit de croire que la Russie ne voudrait pas hasarder de mettre entièrement de côté la considération pour la Porte, et qu'indépendamment de cela il paraît par toutes ses allures présentes qu'elle ait pris le parti d'aller plutôt par des souterrains à la Suède et de l'entamer par des pratiques sourdes que de l'attaquer ouvertement, afin de la mater et de parvenir par là à ses vues sans courir les risques de l'éclat.
D'ailleurs ne pensez pas que la considération des alliés de la Russie soit aussi faible qu'ils le voudront faire paraître; il est sûr que, malgré l'envie qu'ils connaissent au ministère de France de vouloir jouir d'une longue paix, ils redoutent cependant que, dès qu'ils entreprendront quelque chose, ils n'aient la France sur le dos. Si les finances de la France ne sont pas tout-à-fait en état de fournir aux besoins d'une nouvelle guerre, les leurs ne sont pas, aussi, assez arrangées, ainsi que l'une épée tient l'autre dans le fourreau.
Federic.
Nach dem Concept.