4550. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 10 octobre 1750.

Milord. Quelqu'un de ma connaissance vient de me marquer dans la dernière confidence et sous le sceau du secret le plus absolu, que le terme du traité de subsides entre le duc de Brunswick et la Hollande101-1 étant sur le point d'expirer, la cour de Brunswick témoignait assez d'envie pour son renouvellement; qu'outre les ouvertures qu'elle en ferait au comte Bentinck à son arrivée prochaine à Brunswick, elle avait fait sonder par M. de Puebla le sieur Williams à Berlin si lui ne voulait pas se charger d'en écrire à sa cour, pour savoir si, moyennant quelques subsides que les Puissances maritimes paieraient, on ne voudrait prévenir à ce que le duc de Brunswick ne prit des engagements avec la France et la Prusse, quand celles-ci l'en solliciteraient; mais que le sieur Williams avait fait entendre là-dessus que l'affaire rencontrerait bien des difficultés à sa cour. Sur quoi on avait disposé les sieurs Puebla et Gross, ministre de Russie, d'en écrire à leurs cours respectives, afin d'appuyer par leurs ministres à Hanovre le duc de Brunswick, qui, selon toutes les apparences, se contenterait d'un subside bien médiocre.

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Comme il y a quelques mois passés que Messieurs les ministres de France firent entendre au baron Le Chambrier que la France était toute disposée à m'aider d'engager quelques princes de l'Empire pour qu'ils fournissent, les circonstances le demandant, de leurs troupes,102-1 j'ai cru devoir vous avertir confidemment de tout ce que dessus, et de vous demander votre sentiment, si vous croyez qu'il conviendrait à votre cour que je fisse faire quelques ouvertures au duc de Brunswick pour le disposer à prendre des engagements avec nous moyennant quelques subsides que la France lui fournirait. Le moment à cela me paraît d'autant plus propre que d'un côté la cour de Londres ne voudra que difficilement se prêter à contenter là-dessus le duc de Brunswick, et que de l'autre le prince Ferdinand, frère du Duc, partira au premier jour d'ici pour aller séjourner quelques semaines à Brunswick, où ses affaires domestiques l'appellent, ce qui me fournira l'occasion de le charger de sonder le Duc sur cet engagement et de l'y disposer, pourvu que vous trouviez que cela saurait être de la convenance de la France.

Mais parceque le moment presse où le prince Ferdinand se mettra en voyage, je vous prie, Milord, de me marquer votre sentiment au plus tôt possible, et aujourd'hui encore s'il y a moyen.

Au surplus, je ne saurais finir sans vous demander un secret religieux sur toute cette affaire, en sorte même que vous n'en parlerez aucunement à mes ministres. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.



101-1 Vergl. Bd. VI, 358. 381.

102-1 Vergl. Bd. VII, 327. 400.