4629. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Chambrier berichtet, Paris 5. November: „Il me semble que ce ministère est persuadé que toutes les vues de la | Potsdam, 17 novembre 1750. Votre relation du 5 de ce mois m'est bien arrivée. Si la |
Russie à l'égard de la Suède se porte à espérer qu'elle pourra dans la Diète qui se tiendra l'année prochaine à Stockholm, y élever un parti contre le ministère, capable de le culbuter, ou si, avant la tenue de cette Diète, le roi de Suède vient à mourir, que la Russie trouvera quelque prétexte à l'avènement du nouveau Roi au trône de Suède, pour semer du trouble dans la nation et renverser ceux qui sont à la tête des affaires. Aussi le marquis de Puyzieulx, en me parlant de tout cela, me dit : « Je crois que le Roi votre maître ne peut rien faire insinuer de plus utile au Prince-Successeur et à la Princesse Royale afin d'ôter à leurs ennemis toutes les occasions de leur nuire » ... Si quelque allié de la Suède pouvait désirer que cette puissance changeât un jour la forme de son gouvernement, c'est certainement la France; mais dès que celle-ci paraît penser différemment aujourd'hui, on voit que le désir de conserver la paix l'emporte chez elle, et qu'elle ne veut pas qu'il arrive rien qui puisse lui faire craindre qu'elle serait peut-être forcée, malgré elle, de recommencer la guerre. Il faut toujours en revenir, avec la permission de Votre Majesté, à ce que j'ai eu l'honneur de Lui dire, que ce seront les facultés pécuniaires du roi de France qui rendront ses ministres plus ou moins hardis dans les grandes affaires de l'Europe, et selon ce que les opérations auxquelles l'on travaille actuellement pour rendre ces facultés pécuniaires plus abondantes, seront faites.“ | France ne veut pas remuer directement, tant que ses facultés pécuniaires sont encore dans l'état où elles sont actuellement, elle n'est pas la seule qui se conduit de cette façon-là, et il me paraît que dans les circonstances où se trouve toute l'Europe au moment présent, aucune de ses puissances n'est toutà-fait en état de commencer une guerre vigoureuse. On peut compter cela pour un effet de la Providence que dans les conjonctures où nous sommes ce ne soit pas une seule puissance qui est en défaut des moyens pour faire la guerre, mais qu'elles sont généralement égales et hors d'état d'y fournir, puisque sans cela il y aurait un bouleversement total. Quant aux affaires de la Suède, je suis parfaitement dans les sentiments du marquis de Puyzieulx à cet égard, et je crains que, par les menées du chancelier de la Russie, la Diète prochaine de la Suède ne soit bien tumultueuse et orageuse. L'on me marque à ce sujet de Pétersbourg que le chancelier Bes tushew travaillait actuellement nuits et jours avec ses suppôts à des écrits séditieux à semer parmi la nation suédoise et à quelques brochures à publier contre le gouvernement présent de Suède. L'on présume qu'il fera venir quelques boutefeux de Suède sous prétexte d'arranger quelques affaires particulières à Pétersbourg, mais au fond pour s'en servir d'espions et pour faire parvenir par leur canal à Stockholm toutes sortes de menaces, qu'il agacera d'ailleurs les Suédois par des démonstrations guerrières, et que c'était dans cette vue qu'il faisait venir un nouveau régiment de 500 hommes de Cosaques du Don pour se joindre à ceux qui se trouvent déjà en Finlande, et d'y remplacer le régiment de dragons qu'on en avait retiré. Pour moi, je n'oublie rien pour avertir le gouvernement de Suède à ce qu'il se mette en un bon état de défense et à ce qu'il tâche d'ôter à ses ennemis les occasions de lui nuire. Federic. |
Nach dem Concept.
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