4880. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 10 avril 1751.
J'ai bien reçu votre rapport du 31 du mois passé. J'ai trouvé bien dit ce que M. de Barck a réparti au comte Khevenhüller, quand celui-ci lui a voulu imposer aussi grossièrement que de lui soutenir qu'il était arrivé contre le gré de la cour de Vienne que l'Angleterre fût accédée au traité de 1746.324-2
<325>Quant à la France, il faut qu'on lui rende la justice qu'elle ne laisse pas de s'expliquer nerveusement et avec fermeté au sujet de de l'élection d'un roi des Romains, aussi souvent que l'occasion se trouve à le faire, de façon qu'on ne saurait rien lui reprocher là-dessus.
L'affectation marquée avec laquelle les ministres de Vienne tâchent d'inspirer à tout le monde que cette cour n'appréhende rien des Turcs, me fait juger qu'il faut que les dernières nouvelles qu'elle a reçues par son courrier de Constantinople, ne lui ont été guère agréables. Comme les petites escarmouches qu'il y a eu depuis peu325-1 entre les Tartares et les Cosaques zaporoviens, pensionnaires de la Russie, ne sont pas un objet assez important pour que ladite cour en soit inquiétée, il faut bien qu'il y ait d'autres choses encore qu'elle voudrait cacher, et que nous ne saurons peut-être qu'en deux mois par la voie de la France.
Il n'est point douteux qu'on n'éclatera bientôt de rage contre l'électeur de Cologne;325-2 vous ferez donc bien d'observer à cette occasion les premiers mouvements des ministres, qui certainement les trahiront.
Au reste, le comte de Podewils avec d'autres encore m'ayant dit beaucoup de bien sur le personnel du secrétaire von der Hellen et sur son application, mais qu'il se trouvait un peu embarrassé par les dettes qu'il avait été obligé de contracter à Vienne, vous devez lui dire de ma part que, satisfait que j'étais de son application et de sa fidélité, je songerai de l'aider dans ses affaires particulières par le moyen d'un des canonicats qui viendront à vaquer à ma disposition, pourvu qu'il continuât à me servir avec zèle et dextérité.
Federic.
Nach dem Concept.
324-2 Graf Barck hatte nach Klinggräffen's Bericht in seiner Antwort dem Oberstkämmerer Grafen Khevenhüller seine Ueberraschung darüber ausgedrückt: „Que puisque cette accession s'était donc faite, pour ainsi dire, contre le gré de cette cour-ci, on ne laissait pas que de se donner de grands mouvements à la Haye pour engager la République à y accéder.“
325-1 Vergl. S. 317.
325-2 Vergl. S. 300.