4920. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 4 mai 1751.
La dépêche que vous m'avez faite du 23 passé, m'a été bien rendue. Je suis parfaitement du sentiment de M. de Puyzieulx que l'affaire de l'élection d'un roi des Romains se passera tout tranquillement et que la cour de Londres se voudra prêter difficilement à la brusquer par une majorité des voix. Je présume d'ailleurs qu'après la déclaration énergique que le roi régnant de Suède a fait publier touchant le maintien de la forme présente du gouvernement de ce royaume, la Russie s'apaisera, et bien qu'elle ne laisse pas de continuer encore ses ostentations et ses brigues, surtout vers le temps de la Diète prochaine de Suède, je suis cependant persuadé qu'elle ne voudra point pousser les choses à l'extrémité.
Je vous remercie de l'avis que vous m'avez donné de l'arrivée du marquis d'Argens à Paris. Dites-lui que, s'il croit avoir quelque chose à me demander, il n'aura qu'à m'en écrire lui-même.
Comme je compte d'arriver à Wesel le 17 du mois de juin qui vient, je serai bien aise de vous y trouver alors, pourvu que l'état de votre santé et de vos forces vous permettent d'entreprendre ce voyage. Je souhaiterais même que vous vous y rendiez un ou deux jours plus tôt que j'y arriverai, afin de pouvoir vous soulager et remettre un peu,<350> avant mon arrivée, des fatigues que les incommodités de voyage vous causeront.
Au surplus, comme mon trésorier privé Fredersdorf vient de partir d'ici par mon ordre pour aller consulter à Paris ce qu'il y a de meilleurs médecins sur l'état malingre de sa santé, après n'avoir pas pu trouver de soulagement ici, je le recommande à vos soins et à votre assistance, afin que vous lui aidiez à avoir un de ces médecins habiles et experts, comme le sieur Astruc ou Tennac, et qu'ils tâchent de leur mieux à le guérir radicalement des coliques affreuses qui l'ont tourmenté cruellement jusqu'ici. Je vous tiendrai compte des soins et des attentions que vous apporterez à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.