5059. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 17 août 1751.
Votre rapport du 7 de ce mois m'a été bien rendu. J'applaudis parfaitement à la manière dont vous vous êtes servi pour rectifier l'Ambassadeur432-1 des préjugés que les Autrichiens conjointement avec le ministre anglais ont pris à tâche de lui inspirer; il est toujours bon que vous l'avertissiez adroitement des embûches qu'on lui dresse. Mais supposé qu'on réussît de duper l'Abbé son ami432-2 et que celui-ci encore rendît susceptible l'Ambassadeur aux impressions fausses qu'on lui avait inspirées, tout ceci, n'aura guère influence dans les grandes affaires, car vous devez compter qu'il n'est pas aisé d'imposer pareillement au ministère de France, qui, bien instruit du vrai état des affaires, est plus éclairci, plus judicieux et plus pénétrant qu'on ne le croit peut-être à Vienne. Ce qui s'est passé du temps du sieur Blondel, vous doit confirmer cette vérité, et s'il arrivait encore à l'Ambassadeur qu'il serait ébranlé et qu'il envisageait les choses dans un faux jour, les suites n'en seront du tout de la conséquence que vous vous les représentez.<433> Cependant tout ceci ne doit être que pour votre direction seule, et vous ne devez pas moins continuer à cultiver l'amitié de l'Ambassadeur et de tâcher à lui faire sentir au mieux la malignité des faussetés dont on le veut surprendre.
Federic.
Nach dem Concept.
432-1 Hautefort.
432-2 Klinggräffen's Bericht vom 7. August besagt hierüber: „Cette cour-ci a encore gagné, et j'en connais les canaux parfaitement, un certain abbé Carpentier, homme très savant, ami de coeur de l'Ambassadeur, et qui a tout crédit sur son esprit, qui est venu ici pour le consoler de la mort de sa femme. Les insinuations qu'on a fait faire à cet abbé, ont réussi. Je sais même que la Reine-Impératrice veut faire sa connaissance, et qu'elle en parle avec éloge. L'abbé sûrement ne pourra résister à tant de distinctions et sera susceptible des impressions qu'on lui fera.“