5092. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 18 septembre 1751.

A mon retour de Silésie on m'a rendu à la fois les rapports que vous m'avez faits des 4, 7, 11 et 14 de ce mois. De bonnes lettres que j'ai eues de Hollande, m'assurent qu'on attendait en Angleterre avec impatience le retour du courrier envoyé à Dresde; que ce qui avait arrêté jusqu'à présent la conclusion du traité, était que le roi de Pologne voudrait bien arrêter son suffrage électoral en faveur de l'Archiduc, mais qu'il souhaitait d'être dispensé de l'accession au traité de Pétersbourg et de l'entretien des troupes à la disposition du roi d'Angleterre, et de rester neutre. Que ce dernier ne se voulait pas contenter de cette neutralité; cependant, comme Sa Majesté Britannique voudrait bien finir cette affaire, pour regagner la majorité des voix pour l'élection avant l'ouverture du Parlement, l'on croit que, si la cour de Dresde tenait encore un peu ferme, elle obtiendrait, supposé qu'elle voulût se prêter aux demandes de l'Angleterre, 55,000 livres sterling de subsides, au lieu qu'on ne lui avait offert jusqu'à présent que 45,000.

Je vous marque tout ceci, afin de vous mettre d'autant plus sur la voie de bien approfondir la manière dont cette affaire finira, et quelle aura été l'issue des conférences qu'il y a eu entre le comte de Brühl, les ministres des Puissances maritimes et celui de Russie. Au surplus, j'ai lieu de douter que la Hollande veuille se prêter facilement à payer son quote-part aux subsides que l'Angleterre offre à la Saxe.

Je vous sais beaucoup de gré de l'anecdote que vous m'avez marquée au sujet de la mortification que le comte Hennicke vient d'es<454>suyer de la part du premier ministre,454-1 et vous me ferez plaisir de me marquer quelles en seront les suites. Continuez de même à me mander tout ce qui viendra à votre connaissance au sujet des affaires de la Steuer et de la négociation avec l'Hanovre touchant les hypothèques à lui constituer.

Comme nous avons perdu ici le maréchal comte de Schmettau,454-2 je souhaiterais bien de savoir de vous si vous avez remarqué que cette mort a fait quelque impression à Dresde, car, entre nous dit, je crois que peut-être on a plus regretté sa perte que nous ne l'avons fait ici.

Au reste, j'ai trouvé rien d'intéressant dans les lettres que le sieur Henning454-3 vous a lues, aussi ferez-vous bien de vous en débarrasser de bonne manière, parceque c'est un mauvais sujet dont je suis bien aise d'être quitte et que je ne veux pas reprendre dans mon service.

Nach dem Concept.

Federic.



454-1 Maltzahn berichtet, 4. September: „Le comte Brühl de Martinskirchen, frère du premier ministre, est adjoint au comte Hennicke comme vice-président de la Chambre, et, comme c'est un esprit fort borné, le premier ministre vient de placer un nommé Heinicke qui est de ses créatures, pour faire tout sous son frère... Comme le comte de Hennicke est accoutumé de refuser souvent de l'argent, quand le premier ministre en demande, celui-ci tâche à présent de s'emparer entièrement du département des affaires de finances.“

454-2 Gestorben 18. August 1751.

454-3 Vergl. S. 448.