5191. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Potsdam, 13 novembre 1751.

J'ai bien reçu [vos rapports] du 2 et du 6 de ce mois. Quant aux affaires de Suède, j'ai ordonné à mes ministres du département des affaires étrangères de vous mettre au fait de tout ce qui y a du rapport; en attendant, je veux bien vous dire que vous n'avez pas mal deviné, quand vous avez jugé que c'est l'ambassadeur de France à Stockholm qui a prévenu M. Lemaire contre la cour de Suède, en lui attribuant des desseins qui n'existent pas. Il y a à la vérité différents sentiments entre les États par rapport à l'intérieur du gouvernement, vu qu'un parti des États est du sentiment que pendant les dernières années du règne précédent le Sénat de Suède avait trop étendu ses prérogatives, et qu'il fallait que les États assemblés donnassent une explication de leur volonté à cet égard, afin que le Roi, aussi bien que le Sénat, sussent à quoi s'en tenir pour prévenir des altercations ultérieures, et q'un autre parti des États voudrait que les choses<523> restassent sur le pied qu'elles sont; mais que ni l'un ni l'autre parti ne pense à donner atteinte à la forme présente du gouvernement de Suède.

Pour ce qui regarde la négociation du comte de Lynar, vous pensez bien juste qu'on y travaille plus que jamais à la conclusion du traité avec la Russie, et je ne sais pas si M. Lemaire a tout lieu de se fier entièrement aux assurances que le comte de Moltke et le baron de Bernstorff lui donnent à ce sujet; car, pour votre direction seule, je veux bien vous dire que, selon des avis sûrs que j'ai,523-1 le chancelier de Russie, Bestushew, presse extrêmement les ministres des Puissances maritimes, de même que celui de la cour de Vienne, d'écrire à leurs cours respectives, afin que celles-ci insinuent aux ministres russiens qui résident auprès d'elles, qu'il serait à souhaiter que la négociation sur l'échange du Holstein entre le Danemark et le grand-duc de Russie, entamée sous la médiation de l'impératrice de Russie, se terminât bientôt heureusement, et que les susdits ministres en ont écrit à leurs cours respectives.

Quant au paquet au ministre de Vienne qui vous a été remis par une méprise d'un des domestiques du baron de Bernstorff, j'approuve fort que vous ne l'ayez point ouvert; si vous vous étiez pris d'une autre manière que vous avez fait, votre curiosité ne vous aurait peut-être servi à rien et votre réputation en aurait souffert. Quant à l'homme de la chancellerie, vous devez tâcher à vous l'attacher soigneusement, et si même il fallait que vous employiez quelque argent là-dessus, vous n'avez qu'à me le mander et je vous tiendrai compte des avances que vous en ferez. Peut-être que par son moyen vous trouverez l'occasion de vous attacher un autre de la chancellerie, encore plus au fait que celui-ci, pour vous donner de bons avis, et s'il faudra que vous vous mettiez alors en dépense pour celui-là encore, l'argent ne sera pas mal employé et je vous le ferai rembourssr. Au surplus, vous observerez que sur toutes les circonstances que je vous communique pour votre direction seule, vous ne me répondrez que par quelque postscriptum séparé dont il faut que vous n'envoyiez du tout de duplicata au département des affaires étrangères, ni que vous en touchiez la moindre chose que dans les dépêches que vous me ferez seul et immédiatement.

Federic.

Nach dem Concept.



523-1 Pretlack an Ulfeld in Wien, Petersburg 23. Oktober.