5240. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 14 décembre 1751.
Ce que vous me marquez par votre dernière dépêche au sujet de l'accession du roi de Sardaigne, me fait pénétrer parfaitement les raisons pourquoi ce Prince entre dans le traité qui se négocie à Madrid : c'est qu'il croit de pouvoir obtenir sans coup férir la réversion de Plaisance. C'est la question s'il obtiendra son but par là, vu le grand chapitre des incidents qui ruinent souvent les mesures les mieux prises par l'intervalle du temps.
Je ne m'étonne pas de la surprise que la cour où vous êtes fait remarquer de l'union avec laquelle tout se passe à la Diète de Suède;<560> je sais par un bon canal qu'elle s'est attendue de tout le contraire; mais comme cette cour sait se plier à toutes les formes, quand il s'agit d'obtenir son but, je viens d'apprendre de bonne main que, voyant qu'il n'y a pas moyen de réussir dans ses vues par la désunion des Suédois, elle a pris la résolution d'employer tous les moyens, conjointement avec la Russie, de cajoler le roi de Suède et de faire sous main à Ce que le parti russe propose à la Diète une alliance à conclure entre la Suède et entre la Russie, l'Autriche, l'Angleterre, la Hollande et la Saxe, pour détacher la Suède de la France et pour me tenir en échec, en faisant entrevoir aux Suédois les grands avantages qu'ils doivent retirer d'une alliance pareille, qui saurait peut-être leur faire ravoir cette partie de la Poméranie qu'ils avaient cédée par la paix de Stockholm. L'on ajoute que le roi d'Angleterre entre dans ce plan et qu'il doit être déterminé d'employer de fortes sommes pour attirer le roi de Suède dans ce plan.
C'est au moins de cette façon-là que le ministre anglais à Dresde, le sieur Williams, s'est expliqué à un de ses plus confidents.
Vous observerez sur ceci que ce n'est absolument que pour votre direction seule que je vous communique ces avis qui me sont parvenus, et au sujet desquels vous ne me marquerez rien que par les dépêches que vous m'adresserez immédiatement.
Je vous sais bon gré des éclaircissements que vous m'avez donnés sur les finances de la Reine-Impératrice; je les crois les plus exacts qui me soient parvenus encore, j'observe seulement que, quoique je convienne que l'Empereur amasse de l'argent, j'ai cependant de la peine à croire que l'Impératrice puisse avoir des surplus dans ses revenus pour en mettre dans son trésor, vu que je sais moi-même par l'expérience ce que cela coûte que de rétablir des armées et des forteresses, de faire des amas en artillerie et en munitions, de payer encore d'anciennes dettes, sans faire mention des non-valeurs dans la recette et ce qu'il faut de dépenses à cette Princesse à l'égard des places barrières dans le Pays-Bas, ce qui sont des articles bien importants.
Federic.
Nach dem Concept.