<15> l'année passée une seconde entreprise avec une somme beaucoup plus considérable que la première et consistant en plus de 8,000 écus de la même espèce de cette fausse monnaie, qu'on a envoyée en dix caisses ici de la part du banquier Sonzogno de Bergame adressées à un marchand d'ici, nommé Meurer, avec ordre du sieur Tanzi de Milan de les faire remettre à l'abbé comte de Puebla, frère du ministre de ce nom de la part de la cour de Vienne auprès de moi.
Cet abbé s'étant d'abord rendu suspect par la protection qu'il a voulu accorder à cette monnaie et son débit clandestin, on n'a pas voulu en faire du bruit dans le commencement par considération et par des égards pour son frère, le ministre de Leurs Majestés Impériales à ma cour, de la conduite sage et prudente duquel j'ai tout lieu d'être satisfait et de me louer. Mais il s'est trouvé dans la suite de nouveaux soupçons très fondés contre ledit abbé, et qu'il a fait une seconde tentative pour retirer lesdites caisses chargées de cette fausse monnaie, qu'on a d'abord fait confisquer à la douane par mes ordres, comme de justice, pour en empêcher le débit frauduleux et pernicieux. Une protection accordée si mal à propos de sa part à un commerce aussi illicite et dangereux que celui du débit d'une fausse monnaie dans mes États a dû naturellement m'indisposer contre lui et me porter à prendre les précautions nécessaires pour que de pareils inconvénients n'arrivent plus dans mes États et dans ma capitale. Je n'ai pu m'empêcher de faire insinuer au ministre comte de Puebla, quoiqu'en des termes les plus amiables et les plus modérés et en confiance, sans aucun bruit ni éclat, combien j'avais raison de me plaindre envers lui du procédé et de la conduite inconsidérée de l'abbé son frère dans cette affaire, mais que par une considération distinguée pour lui je n'en voulais point faire d'éclat, lui laissant le soin de tâcher d'éloigner l'abbé son frère d'ici sous quelque autre prétexte honnête et d'une manière qui n'eût point le moindre air d'un mécontentement marqué dans le public contre lui.
Voilà ce que le ministre comte Puebla vient de faire; aussi son frère, après s'être congédié fort honnêtement de moi et de ma famille, étant parti d'ici la semaine passée pour Vienne, sous prétexte qu'il avait déjà eu il y a longtemps l'intention d'aller faire un tour à Milan, où il a une place de chanoine, et de là à Rome, pour s'y faire connaître et pour y pousser sa fortune dans les dignités de l'Église romaine.
J'ai cru devoir vous mettre au fait de toutes ces circonstances, mais uniquement pour votre seule information, sans que vous en fassiez connaître la moindre chose là ou vous êtes, mon intention n'étant point que vous en parliez à qui que ce soit.
Nach dem Concept.