<45> nouvelles en dernier lieu, je me borne à vous dire que ma surprise est extrême de ne voir que des réponses sèches et indolentes de la part de M. de Saint-Contest, aussi souvent que vous l'entretenez sur des affaires de la dernière importance, en sorte que mes soupçons augmentent ou qu'il soit très peu versé dans les affaires, ou qu'il y ait des raisons particulières qui le font agir avec cette timidité et mollesse que je m'aperçois de lui.1
Il me semble qu'il y a de la contradiction, quand il traite positivement de bruit non fondé la nouvelle qui court d'un mariage à faire entre le roi de Danemark et une princesse d'Angleterre, et qu'il craint d'un autre côté le crédit et la mauvaise volonté du baron de Bernstorff, sur quoi je veux bien vous dire encore que, selon mes dernières nouvelles de Copenhague, le sieur Titley cherche avec plus d'empressement qu'il n'a fait jamais de s'assurer du comte de Moltke, que les entretiens entre eux sont très fréquents, et qu'il est puissamment secondé par le baron de Bernstorff.
Je doute que la cour de Dresde remplisse les vues qu'elle a de tirer au clair les desseins que celle de Vienne a formés par rapport à ia succession au trône de Pologne,2 en lui demandant une promesse de vouloir appuyer l'élection d'un des princes de sa maison, parceque la cour de Vienne est trop artificieuse pour ne pas savoir s'en tirer par quelque réponse équivoque. Au surplus, vous ferez réfléchir à M. de Saint-Contest que, si la Saxe veut placer un de ses Princes sur le trône de Pologne, ce ne peut être que le Prince électoral, parcequ'aucun des autres princes saxons ne se saurait soutenir, par l'argent qu'il y faut, et qu'il n'est point à présumer que l'aîné se voudrait épuiser en fonds par l'amour d'un de ses cadets.
Federic.
Nach dem Concept.
5340. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 22 février 1752.
Je ne suis à la vérité point fâché qu'en conséquence de votre rapport du 8 de ce mois les mauvais propos que des membres du Parlement ont tenus au sujet de la France dans leurs débats, touchant le traité fait avec la Saxe,3 ont réveillé le marquis de Mirepoix et animé contre ces gens-là au point qu'il en a rendu compte à sa cour; mais comme ordinairement les cours étrangères ne relèvent pas ce qui s'est dit à leur sujet dans un Parlement anglais, je crois que la France aussi n'en éclatera pas là-dessus, et, quant à moi, je regarderai avec indifférence et mépris ce qu'on y a dit de choses fausses et controuvées à mon sujet, ce que je ne vous dis autrement que pour votre direction seule.
1 Vergl. S. 39.
2 Vergl. Bd. VIII, 555. 558.
3 Vergl. S. 41.