5360. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 4 mars 1752.
Je ne suis aucunement surpris de ce que vous m'apprenez du pli que M. de Bernstorff commence à prendre en conséquence de votre rapport du 26 passé; je m'y suis attendu par tout ce qui m'était revenu de son caractère, tandis qu'il était encore en France.1 Il n'y a nul doute qu'il ne restera pas en si bon chemin et que le grand-maréchal comte de Moltke ne s'en ressentira tôt ou tard, à moins qu'il ne cherche à le prévenir et à ne pas lui laisser le temps de s'ancrer toutà-fait dans les bonnes grâces de leur maître. Vous, qui êtes sur le lieu, vous devez songer s'il n'y a pas moyen que vous sachiez faire faire des insinuations adroites par la troisième [ou] quatrième main, et sans que vous y paraissiez, audit comte Moltke, afin qu'il réfléchît sur le danger que sa fortune court avec un sujet d'une ambition aussi démesurée que la sienne, et sur la nécessité qu'il y avait de s'en débarrasser avant que l'autre le prévînt.
Federic.
Nach dem Concept.
5361. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 4 mars 1752.
Il est bien sûr, au moins toutes les nouvelles nous le confirment, qu'il s'en faut bien que la négociation à Madrid soit rompue; tout au contraire la cour de Vienne paraît être dans une parfaite tranquillité sur le bon succès de cette négociation, et ceux-là qui sont à même d'en être bien instruits, font assez apercevoir qu'ils regardent la signature du traité comme immanquable et prochaine.2 D'ailleurs la susdite cour se promet bien d'autres succès encore de l'habileté et du savoir-faire du comte Migazzi, quand après son arrivée à Madrid il entrera en négociation.
Voilà l'effet déplorable de l'indolence du ministère de France, et il ne saura guère manquer que, quand il continuera, tout comme il a fait jusqu'à présent, de ne rien faire, mais de laisser faire tranquillement aux voisins jaloux et ennemis de la France tout ce qu'ils prétendent, ceux-ci succèderont dans toutes leurs négociations et parviendront, au bout du compte, à leur grand but d'avoir isolé la France de ses amis les plus naturels et de lui avoir ôté toute son influence dans les grandes affaires.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 50.
2 Vergl. S. 47.