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Michell berichtet, London 28. März: „Votre Majesté peut compter que l'on n'a pas songé du tout jusqu'ici d'envoyer le lord Hyndford1 à Berlin … Tant que le Roi pensera comme il fait sur le compte de Votre Majesté, je suis très convaincu qu'il ne fera dans l'occasion dont il s'agit [dans l'affaire de l'élection d'un roi des Romains] aucune avance pour négocier directement avec Elle.“

Londres pense à présent sur mon sujet; aussi, après avoir rassemblé tout ce que vous me marquez sur différents sujets, je me vois confirmé dans mon opinion que je dois avoir aussi peu de ménagement pour ces gens-là qu'ils en marquent sur mon sujet.

Federic.

Nach dem Concept.


5413. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 11 avril 1752.

La dépêche du département des affaires étrangères qui vous arrivera à la suite de celle-ci,2 comprenant tout ce que j'ai trouvé bon de vous faire marquer touchant la façon peu ménagée dont la cour de Londres use à présent avec moi, je m'y réfère et n'ai rien à y ajouter, sinon que mes dernières lettres de Londres m'assurent que, malgré le langage doux que le ministère anglais et le Roi même tient au marquis de Mirepoix touchant le projet de l'élection d'un roi des Romains, et les assurances qu'ils donnent à lui qu'on ne pousserait ce projet qu'avec les ménagements convenables, on ne devait compter ce langage qu'uniquement calculé pour endormir la France, et qu'une fois les concerts arrangés avec la cour de Vienne, on pousserait l'affaire par la majorité des voix, sans s'embarrasser des ménagements dont on se vantait, d'autant plus qu'on se flattait que la France ne remuerait du tout à cet égard; particularité dont vous pourrez bien informer les ministres de France.

Au surplus, comme mes lettres de Vienne me disent que le lord Hyndford poussera de Vienne à Ratisbonne pour y faire goûter à la Diète les intentions ou plutôt les volontés du Roi son maître, et que je vois bien que rien n'arrêtera l'élection d'un roi des Romains à ce qu'elle ne parvienne à sa maturité, il me semble qu'au moins, pour la dignité de l'Empire et des Électeurs, il faudrait que l'Électeur palatin, celui de Cologne et moi, de concert et ensemble, déclarassions que nous ne refuserions pas nos voix en faveur de l'archiduc Joseph, à condition que l'élection se ferait avec décence et toute la liberté requise, sans qu'il fût présent au lieu de l'élection un ministre anglais pour y donner le ton. Vous sonderez là-dessus les ministres de France et leur insinuerez qu'il me paraissait que de cette façon-là, et si nous trois Électeurs susdits faisions en corps et point séparément cette déclaration, nous sauverions la dignité de l'Empire, afin que le roi d'Angleterre ne fût pas la puissance prépondérante qui donnait la loi à l'Empire.



1 Vergl. S. 65.

2 Vergl. Nr. 5410.