5335. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 19 février 1752.

Il faut que l'Angleterre soit bien servie des espions qu'elle entretient à la cour de France, parcequ'elle est exactement informée de ce dont la<43> dernière est convenue avec moi touchant l'affaire de l'élection d'un roi des Romains, et le rescrit du département des affaires étrangères43-1 qui vous parvient à cet ordinaire, vous marquera en détail ce que cet avis donné à l'Angleterre a opéré sur ses ministres et son Parlement, ce qui ne serait point arrivé, si l'on savait garder le secret en France.

Je viens d'apprendre par un bon canal que le roi de France a été fort touché de la mort du duc d'Orléans, et que les exhortations et les avis que celui-ci lui avait donnés avant son décès, ont fait de fortes impressions sur son esprit. Comme des circonstances pareilles, et si le roi de France donne dans la dévotion ou non, ont une grande influence sur les affaires politiques, vous ne devez oublier désormais de me marquer de pareilles anecdotes, surtout quand elles ont le moindre rapport sur quelque changement dans la façon de penser du Roi ou sur le système politique de la France.

Au surplus, il faut que vous observiez que je ne saurais point vous garantir l'authenticité de l'anecdote que nous avons de Vienne touchant la négociation à Madrid et que je vous ai fait communiquer par le rescrit ci-dessus allégué, mais que je vous l'ai donnée telle que nous l'avons reçue. J'appréhende cependant que les ministres de France ne se soient flattés un peu trop légèrement que la négociation à Madrid était rompue, et c'est en conséquence que je veux bien vous permettre que vous fassiez part d'une manière convenable et sous secret à ces ministres de l'anecdote en question, quoiqu'en leur déclarant que nous la donnions telle qu'elle nous était parvenue.

Federic.

Nach dem Concept.



43-1 Vergl. Nr. 5333.