5423. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 22 avril 1752.
J'accuse à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 11 et du 15 de ce mois, avec celle du 18 que votre exprès a bien rendue, et vous sais bon gré de toutes les particularités dont vous m'y avez informé.
J'ai été frappé de la somme que vous m'avez marquée de ce que la Steuer seule doit en capital, non compté ce qui reste à la charge de la chambre et des autres caisses différentes; ce qui ne me laisse presque<94> plus douter que ce dérangement total des finances ne sache, absolument aboutir qu'à une banqueroute générale.
Pour ce qui est des nouveaux arrangements qu'on va prendre par rapport aux billets de la Steuer, il dépendra du bon plaisir de la cour de Dresde de les faire tels qu'elle les trouvera conformes à sa convenance, pourvu qu'ils ne regardent pas mes sujets créanciers de la Steuer, ni la prérogative stipulée en leur faveur dans le traité de paix; car quant à celle-ci, je vous confirme, et vous le pourrez assurer sans détour au comte de Hennicke, que, quelque démarche qu'on fasse et de quelque biais qu'on se serve pour abolir cette prérogative, je n'y renoncerai jamais, mais soutiendrai toujours et dans toutes les occasions le droit qui en est acquis à mes susdits sujets créanciers; aussi approuvé-je parfaitement la manière dont vous avez répondu sur cet objet au comte de Hennicke.
Je vous suis bien obligé de la liste de l'armée saxonne de l'année présente avec la dislocation des régiments et compagnies, et vous n'avez qu'à me remettre en ligne de compte les frais que vous avez déboursés pour cela. Je vous félicite d'ailleurs du nouveau canal que le sieur Hecht vous a acquis, pour être instruit de tout le détail qui regarde l'armée saxonne et l'état de guerre, dont vous ne laisserez pas de faire un bon usage. Je remarque seulement que, pour peu que de pareilles acquisitions continuent, vous aurez bientôt toutes les gens des chancelleries saxonnes à votre disposition.
Quoiqu'il y ait bien des choses fausses et controuvées dans la lettre écrite par un Polonais à Stockholm pour le comte Brühl,94-1 je vous sais cependant bien du gré de me l'avoir communiquée. Il est toujours bon d'être instruit des calomnies que mes ennemis forgent sur mon sujet, afin d'en pouvoir prévenir ceux où, sans cela, ces malignes insinuations sauraient faire impression.
Quant à l'homme du cabinet,94-2 j'approuve tout-à-fait la manière dont vous vous êtes arrangé avec lui, tant par rapport à sa pension que pour les largesses extraordinaires que vous lui avez fait espérer à proportion de l'importance des services qu'il vous rendra. Ce sera le conseiller privé Eichel qui vous fournira, en conséquence des ordres que je lui ai donnés, ce qui vous faut en argent à ce sujet, et c'est par lui que le sieur Splitgerber vous fera payer à la foire de Leipzig les 800 écus que vous avez demandés et dont vous me tiendrez compte.
Au surplus, comme il y a deux articles très intéressants sur lesquels je souhaite ardemment d'être exactement informé et dont apparemment l'homme du cabinet me saurait faire avoir tout le détail, vous tâcherez de disposer cet homme à s'y employer de son mieux, afin de<95> me satisfaire là-dessus d'une manière que j'en sois pleinement instruit et y puisse tabler fermement.
Le premier article regarde le traité fait à Varsovie l'an 174495-1 entre la cour de Dresde, l'Angleterre et les deux cours impériales. Quoique le traité principal soit assez connu, néanmoins il faut absolument qu'il y ait des articles séparés et secrets sur des points très intéressants dont jusqu'à présent rien n'a éclaté, mais dont je suis persuadé qu'ils contiennent des choses très préjudiciables à mon égard et qui comprennent tout le plan que les susdites cours se sont formé à ce temps-là.
Le second article regarde le traité de Pétersbourg fait l'année 1746 entre les deux cours impériales,95-2 auquel du depuis l'Angleterre est accédée,95-3 ce que la cour de Dresde a refusé jusqu'ici de faire, malgré toutes les instances que les deux cours impériales et celle de Londres lui ont faites. Puisqu'il faut bien qu'il y ait aussi des articles secrets et séparés sur des choses très importantes à raison desquels la cour de Dresde, malgré sa complaisance ordinaire envers les susdites cours, a refusé constamment son accession à ce traité, il m'importerait également d'en être mis au fait.
C'est pourquoi vous devez faire de votre mieux que l'homme du cabinet emploie toute son industrie et savoir-faire à tirer des copies exactes de ces traités et surtout de ses articles séparés et secrets et à s'informer de toutes les négociations et intrigues secrètes qui ont été jouées alors, pour convenir d'un complot contre moi, principalement du temps que le traité de Varsovie a été negocié. Je serai charmé d'être exactement instruit de toutes ces anecdotes; ainsi vous pourrez bien promettre une largesse extraordinaire à l'homme du cabinet, proportionnée au service qu'il me rendra à ce sujet; vous l'assurerez en même temps qu'il lui sera gardé le secret le plus religieux sur toutes ces pièces et anecdotes et qu'hormis moi seul personne au monde n'en saura jamais rien. Au reste, quoiqu'il soit très nécessaire que l'homme en question agisse avec prudence en vous communiquant ses découvertes, et que l'affaire soit traitée avec ménagement, cependant, si contre toute attente elle venait à éclater malheureusement, vous n'aurez pas à craindre pour cela que la cour de Dresde demande votre rappel, vu que, dans le temps où nous sommes, il est devenu presque du droit des gens que les ministres aux cours étrangères tâchent par tous les moyens possibles à se procurer des confidents secrets.
Quant au sieur Rehnitz,95-4 vous trouverez ci-close la lettre que le sieur Fredersdorf lui a faite pour le faire retourner d'abord ici à Potsdam, que vous lui ferez tenir; aussi, dès qu'il sera ici, je songerai à lui faire quelque établissement et d'y attacher même quelque pension, afin de l'empêcher par là de ne plus faire des courses à Dresde.
<96>Je vous suis obligé de l'attention que vous m'avez marquée en m'envoyant l'opéra Adriano qui m'a été rendu; j'ai ordonné au sieur Fredersdorf de vous remettre ce que vous avez déboursé en frais à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
94-1 Ein Schreiben des Obersten Worianowski an den Kronmarschall Graf Mniszech, d. d. Stockholm 17. März 1752.
94-2 Vergl. S. 84 Anm. 4; 89.
95-1 8. Januar 1745. Vergl. Bd. IV, 83.
95-2 Vergl. Bd. V, 187 Anm. 2.
95-3 Vergl. Bd. VIII, 205 Anm. 2.
95-4 Vergl. S. 84.