5496. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 24 juin 1752.

J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits du 17 et du 20 de ce mois. Quant à votre dépêche antérieure que le sieur Hecht m'a rendue, je dois encore vous dire que je veux bien agréer que le sieur Plesmann reste à Dresde pendant tout le temps que la cour en sera absente pour son séjour en Pologne. C'est aussi pourquoi vous le devez bien instruire sur la manière dont, en attendant, il devra se conduire avec l'homme d'affaires, afin que celui-ci soit bien dirigé et que tout soit mené avec bien de la prudence. Vous instruirez d'ailleurs le sieur Plesmann, afin que, quand vous serez parti de Dresde, il s'applique à pouvoir me marquer avec toute la précision possible ce qui se passera relativement aux changements qui se feront dans l'administration des finances de Saxe. J'ai tout lieu de m'étonner de ce que le comte de Brühl continue à vouloir se charger de la direction, et je crois que le désordre et la confusion en augmentera considérablement. J'ai bien de la peine à croire que l'avis qu'on vous a donné des deux caisses de bijoux que le comte Rex doit avoir emportées à Hanovre pour y négocier de l'argent là-dessus, soit fondé, puisque je sais le roi de Pologne trop attaché à de pareilles choses,140-1 pour qu'il voudrait s'en priver.

Quant à la façon dont vous marquez que la cour où vous êtes s'exprime au sujet de la Diète qui se tiendra à Grodno, il se peut que la cour ait quelque dessein là-dessus. Malgré cela, il est très probable que cette Diète ne sera pas de longue durée, et que la cour en reviendra au plus tôt, vu qu'elle s'y ennuiera mortellement et s'en découragera, pour ne point parler de l'aversion que le roi de Pologne a toujours marquée contre le séjour de Grodno.

A cette occasion, je veux vous dire que la réponse que j'ai de Königsberg à sujet d'une maison à bâtir pour votre usage à Grodno,140-2 est qu'il n'y a nul moyen de trouver quelqu'un qui en voudrait construire, ainsi qu'il faudra bien que vous tâchiez à vous procurer là une<141> maison à louage et que vous cherchiez à vous accommoder aussi bien que vous saurez pour le loyer.

Ce que l'on vous a dit en conséquence de votre rapport du 20 de ce mois touchant le refroidissement entre la cour de Vienne et le roi d'Angleterre, tout comme entre ces deux cours et celle de Saxe, avec toutes les circonstances qui y sont jointes, est exactement vrai et un juste tableau de l'état où ces affaires sont actuellement, et, quant aux négociations du sieur Gross, je ne doute pas que la cour de Dresde ne veuille traîner au possible de s'expliquer catégoriquement là-dessus et même d'en esquiver la conclusion, parcequ'elle ne trouve aucunement sa convenance dans cette accession.

Au reste, pour ce qui regarde le sieur Rehnitz,141-1 vous devez être tout tranquille sur son sujet, puisque je lui ai fait ordonner tout exprès de ne plus sortir de la ville de Potsdam sans mon agrément préalable. Quant aux autres choses dont l'homme d'affaires demande d'être pourvu, le sieur Hecht aura soin de tout, sans que Rehnitz y soit aucune ment mêlé.

Federic.

Nach dem Concept.



140-1 Vergl. Bd. VIII, 240 Anm.

140-2 Vergl. S. 119.

141-1 Vergl. S. 124.