5606. AU ROI DE POLOGNE, DUC DE LORRAINE, A LUNEVILLE.
Potsdam, 26 septembre 1752.
Monsieur mon Frère. Quoique ce ne soit pas le commandeur de Froullay,218-2 mais le baron de Scheffer218-3 qui m'a rendu la lettre de Votre Majesté, elle ne m'en a pas fait moins du plaisir. Je vois que vous vous rappelez ces moments qui me sont toujours précieux, ou j'ai eu la satisfaction de vous voir à Kœnigsberg218-4 soutenir l'aversité avec un cœur plus grand et plus ferme que n'en déployait votre rival, qui n'avait pour lui que la fortune. J'ai été témoin de ce que peut la vertu sur le cœur des hommes, et j'ai vu cette cour des Polonais que rassemblait à Kœnigsberg non pas la force, non pas l'espérance, mais l'amour pour le meilleur des rois et pour le plus généreux des citoyens qu'ait eu cette république. Puissiez-vous vivre longtemps heureux a Luneville et jouir de toutes les bénédictions que les Lorrains vous doivent pour vos bienfaits, également porté à faire du bien aux hommes de quelque nation et de quelque qualité qu'ils soient! Puissiez-vous en recueillir toutes les récompenses! Pour moi, dont le style, peut-être trop libre, ne s'assujettit que rarement à l'étiquette des chancelleries, je<219> vous dirai naïvement que je vous aime de tout mon cœur et que j'estime bien autrement dans Votre Majesté l'homme bienfaisant que le roi. Pardonnez-moi mes écarts, qui partent de l'enthousiasme que m'inspirent d'aussi belles qualités, et soyez persuadé, tout roi que vous êtes, que les plus grands intérêts ne m'auraient pas fait tenir ce langage, si ce n'était pas la vérité qui parlât ainsi dans mon cœur. Ce sont les sentiments qui m'attacheront toujours à vous, étant bien sincèrement de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
218-2 Vergl. S. 158.
218-3 Vergl. Nr. 5607.
218-4 1735.