5837. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 3 avril385-1 1753.
J'ai reçu votre rapport du 23 du mois dernier. Parceque j'en comprends que les impressions que les Saxons ont trouvé moyen de suggérer à M. de Saint-Contest contre mes justes prétentions par rapport au payement des billets de la Steuer dont mes sujets sont en possession, sont trop fortes encore pour qu'il se rende parfaitement aux bonnes raisons que vous lui avez alléguées,385-2 j'aime mieux que vous laissiez dormir la chose pour quelque temps et ne lui en parliez plus jusqu'à quelque occasion plus convenable qu'au moment présent. Comme vous êtes actuellement instruit des bruits calomnieux et absolument controuvés qui ont couru d'une invasion que je préparais de faire dans le pays d'Hanovre, et combien ces bruits ont alarmé le roi d'Angleterre et son ministère à Hanovre, au point que celui-ci a commencé de mettre en sûreté autre part le trésor du Roi et que l'alarme est devenue générale entre les particuliers d'Hanovre, et que vous savez d'ailleurs que, sur un rapport que mon chargé d'affaires à Hanovre me fit de la consternation générale qui y régnait à ce sujet, je lui répondis385-3 qu'il n'avait qu'à dire à tout qui le voudrait entendre que ces bruits étaient des plus faux et des plus mal fondés, de sorte qu'il pourrait tranquilliser tout le monde à Hanovre contre ces appréhensions chimériques — je viens d'apprendre par mes lettres d'Angleterre que cette démarche que j'avais faite le plus naturellement et dans la meilleure intention, au lieu de tranquilliser le roi d'Angleterre et ses ministres, leur a inspiré de nouveaux soupçons et inquiétudes, jusqu'à recourir au duc de Mirepoix, en lui communiquant la déclaration que mon susdit chargé d'affaires avait faite verbalement à Hanovre et en l'accompagnant des réflexions tout comme si j'avais des desseins contre l'Hanovre et cherchais à insulter ces gens, tant par les expresssions, à ce qu'ils ont dit, de cette déclaration, que par les dispositions militaires que je faisais faire dans le voisinage de cet électorat. L'on m'ajoute qu'on avait fait tant d'instances sur ce sujet à M. de Mirepoix que celui-ci avait condescendu, à la fin, à en écrire à sa cour.
Quoique je sois assuré que le ministère de France est trop persuadé de la futilité de ces bruits ci-dessus mentionnés et du tort que le roi d'Angleterre a de me soupçonner et de se plaindre de la susdite déclaration que mon chargé d'affaires avait faite dans la meilleure intention, pour calmer les alarmes frivoles de ces gens-là, néanmoins je veux bien que vous parliez sur cette affaire à M. de Saint-Contest, en lui assurant de ma part que je n'avais pas eu la pensée seulement ni d'insulter aux Hanovriens, ni de préparer la moindre entreprise contre ce pays-là; que tout était tranquille sur mes frontières et que personne n'y remuait : enfin, qu'il m'était presque impossible de comprendre<386> comment des bruits absolument controuvés par des misérables et des fourbes avaient pu donner d'aussi fortes alarmes au roi d'Angleterre. Que pour convaincre lui, M. de Contest, de la pureté de mes intentions, je voudrais bien consentir à ce qu'il déclarât de bouche au ministre anglais à Paris, quand celui-ci lui en parlerait, qu'à moins que le roi d'Angleterre ne m'insultât ni ne m'attaquât le premier, la France ferait marcher toute son armée pour appuyer le roi d'Angleterre contre moi, si j'envahissais jusqu'à un village du pays d'Hanovre. Enfin que, si toutes ces protestations ne savaient tranquilliser le roi d'Angleterre contre ces appréhensions frivoles, ce ne serait plus de ma faute.
Il en est de même de certains bruits qui ont couru de certaines prétentions que j'allais former sur le pays de Saxe- auenbourg, que vous pourrez traiter également de controuvés et de ridicules, n'ayant pas songé un moment à de pareilles tracasseries. J'entends que vous ne déclariez tout ceci que verbalement et sans en donner quelque chose par écrit.
Federic.
Nach dem Concept.
385-1 In der Vorlage verschrieben: mars.
385-2 Vergl. S. 349.
385-3 Vergl. S. 358.