5895. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 18 mai 1753.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 4 et du 7 de ce mois. Pour ce qui regarde le prince Louis de Würtemberg,428-4 je serai bien aise si le ministère de France a pris ses sûretés à son égard pour qu'il ne songe plus à quitter le service de France pour passer en Autriche; car de dire qu'il n'y avait jamais pensé, je suis à même de prouver le contraire, par des pièces authentiques et de nouvelle date qui me sont encore tombées en main, qu'on a traité bien sérieusement là-dessus et que les chipoteries n'en sont pas encore finies. Ce que vous pourrez bien faire remarquer convenablement à M. de Contest.
Quant aux divisions qui règnent malheureusement entre le roi et le sénat de Suède, je suis bien fâché de n'être pas à même de les modérer plus que j'ai tâché de le faire. Il est vrai que la cour de Suède s'est toujours récriée contre le marquis d'Havrincourt en ce qu'il ne s'attache qu'au Sénat et que même dans des choses de nulle importance et purement domestiques ce ministre se rangeait toujours du côté du Sénat, jusqu'à soutenir haut à la main son parti contre, au lieu qu'il convenait à son caractère de modérer les deux partis et de contribuer à leur réconciliation. Le roi de Suède se plaint d'ailleurs sur des choses où le Sénat cherche d'empiéter ouvertement sur les prérogatives du Roi que la forme du gouvernement a attachées à sa dignité,<429> comme l'avancement des officiers de l'armée, où la forme du gouvernement attribue au Roi la nomination, au lieu que les Sénateurs avaient voulu prétendre, depuis les dernières années du Roi défunt, que le Roi ne dût que proposer au Sénat ces avancements pour les approuver ou les rejeter,429-1 et que c'était dans de pareilles occurrences où il aurait convenu au ministre de France de parler. Comme je ne suis assez instruit sur ces affaires, je ne saurais aussi rien contribuer à les démêler.
Federic.
Nach dem Concept.
428-4 Vergl. S. 399. 412.
429-1 Vergl. Bd. VIII, 320.