<219>Vos feux se sont éteints, un dieu vous a quitté,
La honte est le seul prix de la témérité.
Ah! ne regrettez plus votre superbe maître :
Vous avez servi tous un dieu sans le connaître,
Son Église eut le sort des Églises du temps,
L'hérésie à la fin sapa leurs fondements.
Le bon vieux temps n'est plus, le siècle dégénère :
L'amour était jadis tendre, discret, sincère,
Il n'est plus à présent que léger et trompeur,
La débauche succède aux sentiments du cœur;
On se prend sans amour, on se quitte de même,
Souvent, quand on se hait, on se jure qu'on s'aime,
On se brouille, on revient, on change, on se reprend,
De nos jours la tendresse et s'achète et se vend.
Cet homme du bel air, prodigue de caresses,
Voudrait comme Tarquin suborner nos Lucrèces;
S'il essuie un refus, pour venger cet affront,
Sa langue sur leurs mœurs distille son poison;
S'il est vainqueur, voyez ce galant coryphée
D'une indigne victoire ériger un trophée,
Amener ses captifs, comme un autre César,
Dans un jour de triomphe attachés à son char,
Et se vanter tout haut de son bonheur insigne.
Non, de ces procédés la bassesse m'indigne;
Il n'est plus de secret, d'honneur, de bonne foi,
L'amour est détrôné, l'orgueil donne la loi.
Je ne fais qu'effleurer, mais si je voulais mordre,
Je vous exposerais le coupable désordre
Qu'un amant du bel air par sa légèreté
Fait et fera toujours dans la société;
Comment dans nos maisons un enfant né du crime