<121>Car je t'aime toujours, tout ingrat et vaurien,
Et ma facilité fait grâce à ta faiblesse
Je te pardonne tout avec un cœur chrétien.a
Le duc de Richelieub a vu des dauphines, des fêtes, des cérémonies et des fats : c'est le lot d'un ambassadeur. Pour moi, j'ai vu le petit Paulmi,b aussi doux qu'aimable et spirituel. Nos beaux esprits l'ont dévalisé en passant, et il a été obligé de nous laisser une comédie charmante, qui a eu assez de succès à sa représentation. Il doit être à présent à Paris. Je vous prie de lui faire mes compliments, et de lui dire que sa mémoire subsistera toujours ici avec celle des gens les plus aimables.
Vous avez prêté votre Pucelle à la duchesse de Würtemberg : apprenez qu'elle l'a fait copier pendant la nuit. Voilà les gens à qui vous vous confiez; et les seuls qui méritent votre confiance, ou plutôt à qui vous devriez vous abandonner tout entier, sont ceux avec lesquels vous êtes en défiance. Adieu; puisse la nature vous donner assez de force pour venir dans ces pays-ci, et vous conserver encore de longues années pour l'ornement des lettres et pour l'honneur de l'esprit humain.
a Voltaire, Épître XVII. A. M. de Genonville, 1719, dit : Tu me vis sans scrupule en proie à la tristesse :
Mais je t'aimai toujours tout ingrat et vaurien;
Je te pardonnai tout avec un cœur chrétien,
Et ma facilité fit grâce à ta faiblesse.
Œuvres de Voltaire
, édit. Beuchot, t. XIII, p. 47.b Au mois de décembre 1746, le duc de Richelieu fut nommé ambassadeur à Dresde. Il était chargé de demander pour le Dauphin la main de la princesse Marie-Josèphe de Saxe, fille de l'électeur Frédéric-Auguste. Le duc de Richelieu réussit dans cette négociation.
Antoine-René de Voyer d'Argenson, marquis de Paulmi, accompagna le duc de Richelieu dans son ambassade à Dresde, et vint ensuite à Berlin.