<31>rage, ou comme si, par une suite d'une bonne police de camp, on ne voulait garder avec soi que le moins de bagage possible. Si l'ennemi peut voir ce qui se passe dans votre camp, faites partir, la nuit qui précède votre décampement, tous ces chariots pour vous en débarrasser, et, le soir qui précède la nuit que vous voulez marcher, faites sur la brune partir tout votre gros canon, car, si vous le prenez avec vous, il peut s'en renverser dans les chemins creux, ce qui arrêterait vos colonnes, au lieu que, lui faisant prendre les devants, quand même il y aurait quelque canon renversé ou brisé, on a le temps de le tirer des ornières et de déblayer le chemin pour l'armée. Comme il s'agit d'accélérer votre marche, pour que l'ennemi ne profite pas du terrain avantageux que vous lui abandonnez pour vous attaquer, il faut descendre des hauteurs par autant de colonnes que vous trouvez de chemins, quitte à vous mettre ensuite dans la plaine, dans l'ordre de marche que vous vous êtes proposé de suivre. Toutes les gardes de camp de fa cavalerie doivent rester à leur poste jusqu'à ce que votre armée soit toute descendue dans la plaine; vous devez même commander des hussards pour entretenir les feux des gardes d'infanterie et crier le qui-vive, comme si les gardes y étaient encore; après quoi, à un signal dont on convient, les gardes de cavalerie se replient subitement au galop et suivent l'armée; l'ennemi, qui ne s'aperçoit qu'alors de votre mouvement, n'est pas en état dès lors de vous porter le moindre préjudice, et vous vous tirez habilement d'affaire.
Dans des terrains de plaine, il est bien rare que les armées campent aussi proche les unes des autres; cependant, si cela arrive, il faut prendre les mêmes précautions de se débarrasser du bagage. S'il y a un défilé derrière vous, il faut y envoyer un corps d'avance pour l'occuper; mais je voudrais que dans la plaine on conduisît son canon avec l'armée, que l'on marche de nuit ou non, parce que vous avez tout prévu, tout réglé d'avance, et l'ennemi est bien embarrassé comment vous attaquer, ne sachant pas votre disposition. Si vous voulez éviter toute affaire d'arrière-garde, déblayez vite votre camp, marchez par tant de colonnes que vous pouvez, sauf à vous mettre sur moins de colonnes, si les chemins ne permettent pas que vous en ayez beau-