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LXV.

Frédéric II termine par ces mots le dernier chapitre de son „Anti-Macchiavel“ : „La bonne opinion que j'ai des princes qui régnent à présent dans le monde me les fait juger dignes d'entendre la vérité. C'est aux Néron, aux Alexandre VI, aux César Borgia, aux Louis XI qu'on n'oserait la dire. Grâces au ciel, nous ne comptons point de tels hommes parmi les princes de l'Europe, et c'est faire leur plus bel éloge que de dire qu'on peut hardiment blâmer devant eux tous les vices qui dégradent la royauté et qui sont contraires aux sentiments d'humanité et de justice.“

Menzel a traduit dans son dessin symbolique ces sentiments du royal auteur: il le représente écrasant énergiquement du pied les têtes écumantes de deux serpents qui l'enlacent, emblème des vices qu'il combat chez les princes; leurs corps, qui se tordent, décrivent des replis dans lesquels on lit le „Caeterum censeo“ de Caton, qui voue ces monstres à l'extermination.

LXVI.

L' „Anti-Macchiavel“ , ouvrage du jeune roi, écrit en 1740, cloue, pour ainsi dire, au pilori le grand Florentin Nicolas Macchiavel. Les principes politiques et les conseils qu'il donne et développe dans son fameux livre „Le Prince“ , sont voués par Frédéric à l'exécration et au mépris de l'univers. L'âge suivant, qui a apporté dans la critique historique moins de préventions et plus de discernement que le dix-huitième siècle, a réformé la sentence de Frédéric II et porté un jugement plus équitable sur l'auteur du „Prince“ . C'est ce qu'à indiqué l'artiste, en inscrivant la date 1840 et en suspendant une couronne de laurier et de chêne au-dessus de la figure attachée au pilori.

LXVII.

Dans ce bon bourgeois allemand du milieu du dix-huitième siècle, qui, en pleine campagne, sur un sentier traversant une prairie, la tête découverte, les mains croisées sur sa canne, a l'air d'adresser au ciel une action de grâces, l'artiste a voulu représenter le peuple wurtembergeois et la reconnaissance qu'il est prêt