<23>Menzel personnifie, dans une allégorie, ce sujet d'indignation poétique. Saturne, le monstre glouton et hideux qui dévore ses enfants, s'est levé de son siège, dont le dossier est surmonté de la couronne impériale d'Allemagne. Il tient des deux poings Jupiter enfant, et cherche à broyer sous ses lourdes mâchoires le jeune dieu, qui se débat désespérément, avec le faisceau de ses foudres dans la main droite. Rhéa, une vieille hagarde et flétrie, excite ses lions, également affamés, contre le jeune Jupiter, qui figure ici Frédéric II lui-même. Ces fauves, en arrêt, la gueule ouverte, attendent qu'il leur tombe quelque chose de la proie de Saturne.

CXIV.

Le prince Henri de Brunswick, né en 1742, avait été blessé mortellement, le 20 juillet 1761, au combat de Rühne, en Westphalie, et était mort le 9 août suivant. L'ode est adressé à la mère du défunt:

O vous, ma tendre sœur, mère trop malheureuse!

Le poète déplore les misères, les dévastations, les précieuses victimes de cette longue guerre; il dénonce l'obstination, la cruauté, la perversité des princes qui en sont les auteurs.

L'illustration montre la duchesse traversant en longs vêtements de deuil une salle de son château; courbée sous la douleur, elle cache dans son mouchoir son visage en pleurs. C'est la strophe suivante qui a donné le motif de ce dessin à l'artiste:

Voyez ce peuple en deuil, ces femmes désolées
Dont les sanglots amers réclament leurs enfants.

CXV.

Composée à Erfurt, le 23 Septembre 1757, l' „Epitre au Marquis d'Argens“ est restée célèbre; elle annonce à l'ami des beaux jours et des temps paisibles la résolution que le roi, accablé par le nombre de ses ennemis, a prise de mettre