<124> la Couronne, par lequel l'Empereur s'engagea de reconnaître Frédéric III roi de Prusse, moyennant qu'il lui fournît un secours de dix mille hommes, à ses dépens, pendant le cours de toute cette guerre; qu'il entretînt une compagnie de garnison à Philippsbourg; qu'il fût toujours de concert avec l'Empereur dans toutes les affaires de l'Empire; que sa royauté n'altérât en rien les obligations de ses États d'Allemagne; qu'il renonçât au subside que la maison d'Autriche lui devait, et qu'il promît de donner sa voix pour l'élection des enfants mâles de l'empereur Joseph, « à moins qu'il n'y eût des raisons graves et indispensables qui obligeassent les électeurs d'élire un empereur d'une autre maison. »

Ce traité fut signé et ratifié : Rome cria, et Varsovie se tut; l'ordre Teutonique protesta contre cet acte, et osa revendiquer la Prusse. Le roi d'Angleterre, qui ne cherchait que des ennemis à la France, les achetait à tout prix; il avait besoin des secours de l'Électeur dans la grande alliance, et il fut des premiers à le reconnaître. Le roi Auguste, qui affermissait sa couronne sur sa tête, y souscrivit; le Danemark, qui ne craignait et n'enviait que la Suède, s'y prêta facilement; Charles XII, qui soutenait une guerre difficile, ne crut pas qu'il lui convînt de chicaner sur un titre pour augmenter le nombre de ses ennemis; et l'Empire fut entraîné par l'Empereur, comme on l'avait prévu.

Ainsi se termina cette grande affaire, qui avait trouvé de l'opposition dans le conseil de l'Électeur, dans les cours étrangères, chez les amis comme chez les ennemis; à laquelle il fallut une complication de circonstances aussi extraordinaires, pour qu'elle pût réussir; qu'on avait traitée de chimérique, et dont on prit bientôt une opinion différente. Le prince Eugène dit en l'apprenant : « Que l'Empereur devrait faire pendre les ministres qui lui avaient donné un conseil aussi perfide. » Le couronnement se fit l'année suivante : le Roi, que nous appellerons désormais Frédéric Ier, se rendit en Prusse; et, dans