<126>mark et le Czar avaient attaqué, comme on l'a dit, ce jeune héros, l'un, en Norwège, et l'autre, en Livonie : Charles XII força dans sa capitale le monarque danois à faire la paix; de là, il passa avec huit mille Suédois en Livonie, défit quatre-vingt mille Russes auprès de Narwa, et battit trente mille Saxons au passage de la Düna.

La fuite des Saxons les entraîna vers les frontières de la Prusse; Frédéric Ier en fut d'autant plus inquiet, que la plus grande partie de ses troupes servait dans les armées impériales, et que la guerre s'approchait de son nouveau royaume : Charles XII promit cependant la neutralité pour la Prusse, en considération de l'intercession de l'Empereur, de l'Angleterre et de la Hollande.

Ces années étaient l'époque des triomphes du roi de Suède : il disposait en souverain de la Pologne; ses négociations étaient des ordres, et ses batailles, des victoires; mais ces victoires, toutes brillantes qu'elles étaient, consumaient les vainqueurs, et obligeaient le Héros à renouveler souvent ses armées. Un transport de troupes suédoises se rendit en Poméranie; Berlin en prit l'alarme; ces troupes n'en traversèrent pas moins l'Électorat, et se rendirent en Pologne, lieu de leur destination.

Le Roi leva huit mille hommes de nouvelles troupes; au lieu de les employer à la sûreté de ses États, il les envoya en Flandre à l'armée des alliés. Il se rendit lui-même au pays de Clèves, pour recueillir l'héritage de Guillaume d'Orange, roi d'Angleterre, au trône duquel Anne, seconde fille du roi Jacques, succéda. Les droits de Frédéric Ier se fondaient sur le testament de Frédéric-Henri d'Orange, qui avait substitué ses biens, au cas d'extinction des mâles, à sa fille, épouse du Grand Électeur; le roi Guillaume laissa un testament tout contraire, en faveur du prince Frison de Nassau, dont les états généraux devaient être les exécuteurs. Les biens de la succession consistaient dans la principauté d'Orange, de Meurs, et dans différentes seigneuries et fonds de terre situés en Hollande et en Zélande.