<149> suédoise en séquestre. Leur embarras était d'autant plus grand, qu'ils manquaient de troupes pour défendre cette province; et ils eurent recours à ce remède désespéré, par la haine qu'ils portaient aux Moscovites, qui les aveuglait si fort sur les intérêts de leur maître, qu'ils auraient plutôt vu passer la Poméranie entière sous la domination prussienne, qu'un seul village sous le pouvoir du Czar.

Le Roi, qui regardait les propositions de l'Administrateur et de Wellingk comme très-avantageuses, se prêta avec plaisir au séquestre de la Poméranie, se flattant que ce serait le moyen de maintenir la paix dans cette province voisine de ses États. Vingt mille Prussiens se mirent incessamment en marche, et se campèrent sur les frontières de la Poméranie, en même temps que Bassewitz, ministre du duc de Holstein, accompagné du général Arnim, que le Roi y avait envoyé, se rendit à Stettin, et ordonna, au nom de Wellingk, à Meyerfeld, qui était gouverneur de cette place, de la remettre aux Prussiens. Meyerfeld, qui connaissait la façon de penser de son maître, refusa d'obéir, et demanda du temps pour qu'il pût recevoir de la régence de Stockholm des instructions positives sur la conduite qu'il devait tenir. La désobéissance de Meyerfeld était un témoignage authentique de ce que Wellingk avait trop présumé de son autorité, et que sa précipitation l'avait engagé, dans toute cette affaire, plus avant qu'il ne le devait et qu'il n'en avait le pouvoir. Le Roi qui ne s'était chargé de ce séquestre que par complaisance, s'en désista sans témoigner le moindre ressentiment. Il retira aussitôt ses troupes, abandonnant la Poméranie au sort des événements. Il était plus glorieux aux Suédois de perdre la Poméranie en combattant, que de la conserver à la faveur du séquestre.

Menschikoff, qui avait désarmé Stenbock en Holstein, vint fondre sur la Poméranie, à la tète des Moscovites et des Saxons. Il mit d'abord le siége devant Stettin. Cette ville, qu'il fit bombarder, et qu'il pressait vivement, fut dans peu de jours réduite aux abois. Bassewitz,