<156>sive de tout le siége. Cet officier s'appelait Gaudi.a Il se ressouvint que, dans le temps qu'il faisait ses humanités au collége de Stralsund, il s'était souvent baigné dans ce bras de mer, qui n'était ni profond ni fangeux, proche du retranchement. Pour plus de sûreté, il le sonda de nuit, et trouva qu'on y pouvait passer à gué, tourner le retranchement par sa gauche, et prendre les ennemis en flanc et à dos.

Ce projet fut heureusement exécuté : on attaqua les Suédois de nuit; tandis qu'un corps marchait droit au retranchement, un autre passait la mer proche du rivage, et se trouva dans leur camp avant même qu'ils s'en aperçussent. La surprise d'une attaque inopinée, la confusion qui est inséparable de toutes les affaires de nuit, et surtout le corps considérable qui leur tombait en flanc, les mit promptement en déroute; ils abandonnèrent leur retranchement, et se sauvèrent vers la ville. Charles XII, au désespoir d'être abandonné de ses troupes, voulut combattre seul. Ses généraux ne le sauvèrent qu'à peine de la poursuite des assiégeants; tout ce qui ne gagna pas promptement Stralsund, fut tué ou fait prisonnier. Le nombre de ceux qu'on prit ce jour-là passait quatre cents hommes.

Pour resserrer entièrement la ville, il fut résolu de se rendre maître de l'île de Rügen, d'où les assiégés pouvaient encore tirer quelque secours. Le prince d'Anhalt, à la tête de vingt mille hommes, passa, sur des vaisseaux de transport, le bras de mer qui sépare la


a Le Roi rapporte aussi dans l'Histoire de mon temps, que cet officier contribua fortement à la prise de Stralsund, tandis que selon les autres sources, Hilmar Curas, Morgenstern, Seckendorff, Fassmann, Pöllnitz, et les journaux de siége de ce temps, tout l'honneur de ce fait revient à l'adjudant général, lieutenant-colonel de Köppen. Frédéric-Guillaume récompensa ce dernier d'une manière extraordinaire, en le nommant, le 8 novembre, lendemain du jour de cette action, colonel et chambellan en service ordinaire, et joignant à cette distinction la capitainerie de Stettin et de Jasenitz.
     Le colonel Maximilien-Auguste de Köppen est mort le 11 avril 1717; il avait été anobli vers 1712.
     Gaudi périt en 1745, au combat de Habelschwerdt, ayant le grade de colonel.