<177> palatin. La Suède, le Danemark et la Hollande accédèrent ensuite à ce traité. La France et l'Angleterre en voulaient effectivement à la maison d'Autriche. Dans cette intention, ils espéraient se servir du Roi pour enlever la Silésie à l'Empereur. Frédéric-Guillaume n'était pas éloigné de se charger de l'exécution de ce projet : il demandait qu'on joignît une seule brigade des Hanovriens à ses troupes, afin de ne pas s'engager tout seul dans une entreprise aussi importante, ou que les alliés convinssent avec lui d'une diversion qu'ils feraient d'un autre côté, en même temps qu'il commencerait les opérations en Silésie. Quoique cette alternative parût raisonnable, le roi d'Angleterre ne voulut jamais s'expliquer sur cette matière.

A peine les alliés eurent-ils signé leur traité à Hanovre, qu'une autre alliance se fit à Vienne entre l'Empereur, le roi d'Espagne, le Czar, et quelques princes d'Allemagne. C'est par le moyen de ces grandes alliances qui séparent l'Europe en deux puissants partis, que la balance des pouvoirs se soutient en équilibre, que la force des uns tient la puissance des autres en respect, et que la sagesse des habiles politiques prévient souvent des guerres, et maintient la paix, lors même qu'elle est sur le point d'être rompue.

Dès que le Czar eut signé le traité de Vienne, il fit de fortes remontrances au roi de Prusse sur le parti qu'il avait pris, lui insinuant, avec ces espèces de menaces auxquelles les expressions polies servent de véhicule, qu'il ne verrait pas indifféremment que les États héréditaires de l'Empereur fussent attaqués.

Pierre Ier mourut dans ces circonstances, laissant dans le monde plutôt la réputation d'un homme extraordinaire que d'un grand homme, et couvrant les cruautés d'un tyran des vertus d'un législateur. L'impératrice Catherine, sa femme, lui succéda. Elle était Livonienne de naissance, et de la plus basse extraction, étant veuve d'un bas officier suédois. Elle devint maîtresse tour à tour de quelques officiers russes; depuis, de Menschikoff; enfin le Czar en devint amou-