<184> l'Angleterre offrirent à l'Espagne, la détachèrent de l'intérêt de l'Empereur. Le traité de Séville fut une suite du congrès de Soissons. Les articles de ce traité sont d'autant plus remarquables, qu'ils ouvrent à l'Espagne l'entrée de l'Italie, et que l'Angleterre s'engage à faire tomber la succession des ducs de Parme et de Plaisance à l'infant Don Carlos, en considération des avantages que l'Espagne permet aux Anglais de gagner par le trafic de l'Assiento.

Le roi de Pologne, qui était venu à Berlin l'an 1728, voulut à son tour étaler sa magnificence aux yeux du Roi, en lui donnant des fêtes toutes militaires. Il rassembla ses troupes29 dans un camp auprès de Radeberg,a village situé sur l'Elbe; les manœuvres qu'il fit faire à son armée étaient une image de la guerre des Romains, mêlée aux visions du chevalier Folard. Les connaisseurs jugèrent que ce camp était plutôt un spectacle théâtral, qu'un emblème véritable de la guerre.

Pendant ces démonstrations apparentes d'amitié, les intrigues d'Auguste dans toutes les cours de l'Europe tendaient à frustrer Frédéric-Guillaume de la succession de Berg, et à la faire retomber à la Saxe. Ce camp, cette magnificence, et ces fausses marques d'estime, étaient des artifices par lesquels le roi de Pologne crut endormir le roi de Prusse; mais celui-ci en pénétra les motifs, et n'en détesta que plus sa fausseté. Ces sortes d'actions semblent permises en politique; mais elles ne le sont guère en morale; et, à le bien examiner, la réputation de fourbe est aussi flétrissante pour le prince même, que désavantageuse à ses intérêts.

On crut que de semblables réflexions dégoûtèrent le roi Victor de sa royauté; mais effectivement ce ne fut que l'amour qu'il avait pour madame de Saint-Sébastien, qu'il épousa à Chambéry après son abdication. On prétend qu'il conserva toujours ce caractère d'auto-


29 Vingt-trois mille hommes.

a Radewitz.