<204> de trente mille janissaires qu'ils entretiennent, ils ne font jamais la guerre sans armer les nations de l'Asie Mineure, de l'Égypte, de l'Arabie et de la Grèce, qui sont sous leur domination.

Pour en revenir à l'histoire de Brandebourg, lorsque Jean-Sigismond se crut à la veille de recueillir la succession de Juliers et de Berg, prévoyant qu'il serait obligé de soutenir ses droits par la force des armes, il ordonna un armement général de sept cent quatre-vingt-sept chevaliers, qui se trouvèrent au lieu de l'assemblée. Il en choisit quatre cents des plus lestes; la noblesse fournit d'ailleurs mille fantassins, sans compter les piquiers, dont le colonel Krachta reçut le commandement; et de plus, les villes mirent deux mille six cents hommes en campagne. Ces troupes étaient entretenues aux dépens des états, et, pour l'ordinaire, elles ne recevaient la paye que pour trois mois, terme après lequel chacun s'en retournait chez soi. L'Électeur nommait les officiers; et dès que le besoin de ces armements cessait, ces troupes étaient licenciées tout à fait. La régence orageuse de George-Guillaume nous fournit quelques exemples de ces sortes d'armements.

En 1620,30 à l'occasion de la guerre de trente ans, les états levèrent des troupes, en leur donnant le privilége de faire des quêtes dans tout le pays pour fournir à leur subsistance; les paysans avaient ordre de leur donner un liard chaque fois qu'ils gueuseraient, et des coups de bâton s'ils ne s'en contentaient pas. Que produisit cet arrangement ridicule? au lieu d'acquérir des soldats, le prince n'établit qu'un corps de mendiants.

L'an 1623, la cour enjoignit par un édit à tous les sujets, à l'exception des prêtres et des échevins, de se rendre avec armes et bagage à un lieu marqué, où des commissaires devaient les passer en revue : on choisit de ce nombre trois mille neuf cents hommes, qui


30 Sebaldus, Chronique.

a Isaac de Kracht, en 1610.