<78> le soutien de l'Espagne, crut qu'il lui convenait de ménager l'amitié de l'Électeur; et ce prince promit de ne point se mêler d'une guerre qui en effet lui était étrangère.

Louis XIV s'empara d'une partie de la Flandre espagnole presque sans résistance; l'hiver d'après, il prit la Franche-Comté par les soins du prince de Condé, qui, envieux de la belle campagne que Turenne avait faite en Flandre, voulut le surpasser par celle qu'il fit alors. Les Espagnols, dans ce pressant besoin, eurent recours aux Hollandais, qu'ils avaient autrefois opprimés et méprisés; et cette république les protégea dans cette occasion contre les entreprises du roi de France. De Witt, pensionnaire de Hollande, le chevalier Temple, ministre d'Angleterre, et Dohna, ambassadeur de Suède, résolurent d'arrêter les progrès de Louis XIV : bientôt après, la Suède, la Hollande et l'Angleterre conclurent une alliance à la Haye. Louis XIV dissipa cet orage, en proposant lui-même la paix aux Espagnols; elle se conclut effectivement à Aix-la-chapelle. Les conditions en furent que le Roi garderait les places de la Flandre qu'il avait conquises, et qu'il rendrait la Franche-Comté aux Espagnols. Les Hollandais auraient bien voulu qu'il eût rendu la Flandre; mais quelques soins qu'ils prissent pour y porter ce prince, ce fut d'autant plus inutilement, qu'il était irrité contre les Hollandais, et que, méditant de s'en venger, la Flandre lui devenait d'autant plus nécessaire. Les desseins que Louis XIV formait sur les Provinces-Unies, n'étaient pas si cachés qu'il n'en transpirât quelque chose : ceux qui sont les moins intéressés dans les affaires, y sont souvent les plus clairvoyants. Frédéric-Guillaume prévit que la paix que la France venait de faire avec l'Espagne, pourrait devenir funeste aux Hollandais; il essaya de détourner l'orage qui menaçait cette république. Louis XIV, bien loin d'adopter des sentiments aussi pacifiques, tâcha d'entraîner l'Électeur lui-même dans la guerre qu'il voulait faire aux Hollandais : il chargea de cette commission le prince de Fürstenberg, qui se rendit à Berlin; et ce prince vit avec