<189>Puis vient, riant d'un rire âpre et amer,
Stein, qui passait pour Momus de l'armée;
Saint-Ignon suit, tout dérangé d'hier;
Puis des Saxons la troupe parfumée,
Gens doucereux, et qui, peur d'accident,
Jusqu'à mordieu! disent tout poliment.a
Ce chevalier19 pincé, droit comme un cierge,
Parmi ceux-là paraît avec éclat.
Et le dernier, ce fut vous, Kolowrat;
Aux pieds des saints, aux autels de la Vierge,
Vous ignorez si vous êtes soldat.
Seul après tous arriva ce béat.
Au beau milieu de la troupe guerrière
Parut Charlot; il était comme un dieu;
Odeur de saint se sentait en ce lieu;
Sa face était brillante de lumière.
Le pot en tête et la dague au côté,
Et s'appuyant sur sa longue rapière,
Il leur parla d'un ton de majesté :
« Mes chers amis, las de nous laisser battre,
A notre tour faisons le diable à quatre;
Car plus longtemps ne convient de souffrir
Les Prussiens chez nous, dans la Bohême.
Oui, j'ai trouvé, la nuit, un stratagème
Pour les chasser, même sans coup férir;
La nuit, un saint me l'a dit à moi-même. »
A ce discours, tout le monde se tut;


19 Le chevalier de Saxe.

a

Et jusqu'à Je vous hais, tout s'y dit tendrement.

Boileau,

Satire III

, v. 188.