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ÉPITRE VI. A MA SŒUR DE BAIREUTH.a

Digne et sublime objet d'une amitié sincère,
Sœur, dont la solide vertu
T'a fait l'idole de ton frère;
O toi, que le destin têtu
Poursuivit constamment d'une rigueur sévère,
O toi, dont le cœur débonnaire
Par un tissu de maux ne fut point abattu :

Depuis nos jeunes ans, un sort toujours contraire
N'a pas cessé de t'accabler;
L'injustice, dardant sa langue de vipère,
Osa de plus te désoler.

Dans ton premier printemps, un foudre politique
Sur ta tête vint à crever,
Et la méchanceté, par un sentier oblique,
Contre ton innocence eut l'art de soulever
De ton sang, justes dieux! la source alors inique.


a Voyez t. X, p. 185.