<58>Où l'étranger ravi contemple
Tous les dieux de votre Hélicon :
Quarante bouches éloquentes,
Quarante plumes triomphantes
Y portent des coups foudroyants
Aux solécismes renaissants.
Dans cette compagnie illustre,
L'un brille d'un plus vif éclat,
Il en est l'ornement, le lustre,
Du Pinde il a le consulat;
Comme un cèdre qui se redresse
Lève sur la forêt épaisse
Son front superbe et sourcilleux,
De même ce moderne Homère,
Au-dessus du savant vulgaire,
Semble porter son vol aux cieux.
Plus loin, aux bords de l'Hippocrène,
On voit l'amant de Melpomène,a
Son Catilina dans les mains,
Faisant haranguer sur la scène
Le Démosthène des Romains.
Là, prenant une autre tournure,
Chiche de mots, mais plein de sens.
Usbek crayonne à ses Persansb
De nos mœurs la folle peinture;
Et plus loin, sur un flageolet,
Un héroïque perroquet...c
Mais quels sont ces cris d'allégresse,


a Crébillon père, qui fit représenter sa tragédie de Catilina en 1748.

b Montesquieu, Lettres persanes. 1721.

c Gresset, Vert-Vert. 1734.