<130>Moitié héros, moitié brigands,
Qui viennent désoler nos champs.
Le hasard très-souvent décide une bataille :
Si je lui dois plus d'un beau jour,
A l'ennemi, par représaille,
Il m'a fait montrer à mon toura
Tout le revers de la médaille.
Cependant cet homme bénit
Par l'antechrist siégeant à Rome,
Ce Fabius,b ce plaisant homme,
Lui, qui naguère se munit
D'une toque, brillant symbole
De gloire et de vanité folle,
Commence à décamper de nuit.
Je ne vous dis pas qu'il nous fuit :
Mais si le ciel nous fait la grâce
Qu'il nous montre au plus tôt l'opposé de sa face,
Alors un certain duc,c s'illustrant à jamais,
Armé de son trident comme on nous peint Neptune,
Apaisera d'un mot la tempête importune.
C'est lui qui sauvera votre empire français
Sans capitaine, sans finance,
Sans Canada, sans prévoyance,
Jusqu'en ses fondements sapé par les Anglais.
Il leur dira, plein de décence :
« Par saint George et par sa croyance,
Bonnes gens d'Albion, accordez-nous la paix. »
Quand cette nouvelle échappée


a A Kunersdorf. Voyez t. V, p. 19-22.

b Le feld-maréchal Daun. Voyez t. IV, p. 253 et 254.

c Le duc de Choiseul. Voyez t. IV, p. 256, et t. V, p. 45.