<19>Telle, s'abandonnant à sa fougue insensée,
Par trop d'ambition à soi-même opposée,
La Grèce s'épuisa par ses divisions;
L'impérieuse Sparte et l'orgueilleuse Athène,
Se brisant par l'effort de leurs dissensions,
Virent passer le sceptre à la ligue achéenne;
Par ses troubles intestins
La république ébranlée,
Demanda, trop aveuglée,
L'appui des consuls romains.

Mais de ses défenseurs le secours redoutable
L'affaissa sous le poids d'un joug insupportable,
Et les Grecs, de faisceaux partout environnés,
Par leur expérience apprirent à connaître
Que de leurs passions les transports effrénés
Au lieu d'un protecteur leur donnèrent un maître.
Ainsi, par rivalité
Et par leurs complots iniques,
Ces puissantes républiques
Perdirent leur liberté.

Vous appelez ainsi pour accabler la Prusse
Le Français, le Suédois et l'indomptable Russe.
Malheureux! vous creusez des gouffres sous vos pas;
Vous leur payerez cher leur funeste assistance;
Ces superbes tyrans, intrus dans vos États,
Vous comptent asservis sous leur obéissance.
Que leurs dangereux essaims
Vous feront verser de larmes!
Vos mains aiguisent les armes
De ces perfides voisins.