<203>Par un effort soudain parut d'abord en armes,
Mesura ses secours, et par un juste choix
Rétablit l'équilibre et protégea les rois.
Si de la liberté sa main prit la défense,
Si sa prudence alors redressa la balance
Qu'un monarque puissant fait pencher à son gré,
Le mal était moins proche et moins désespéré
Que le danger présent dont l'aspect la menace.
Rien ne peut égaler la criminelle audace
De ce complot de rois, monarques conjurés
Contre la liberté des Germains atterrés.
Le Français, à poids d'or achetant des complices,
Du Nord et du Couchant les deux impératrices,
Cruels perturbateurs de ce triste univers,
Le partagent entre eux et préparent ses fers.
De ce corps monstrueux l'esprit est despotique;
Uni par l'artifice et par la politique,
C'est un feu dévorant qui veut tout consumer.
Si, libre en ses efforts, on lui laisse opprimer
Un prince magnanime, ardent à se défendre,
Alors, sans résistance osant tout entreprendre,
Gouvernant l'univers au gré de ses projets,
Il réduira les rois au rang de ses sujets;
Voilà dans l'avenir ce que tout œil peut lire.
Qui peut vous empêcher, princes, de vous instruire?
Peuples trop amoureux de votre oisiveté,12
Assoupis dans les bras de la sécurité,
De votre inaction goûtez longtemps les charmes,
Laissez verser le sang et répandre des larmes
A ceux dont les efforts ont au moins combattu;


12 La Hollande.