<217>Du trépas dans son sein rien n'affaiblit la cause;
La Mort nous attend tous près de son étendard,
L'un y vole à la hâte, et l'autre y va plus tard,
Ainsi que les ruisseaux et les grandes rivières,
Par des canaux divers se creusant leurs carrières,
D'un cours égal au fleuve, au rapide torrent,
Vont se précipiter au sein de l'Océan;
De leurs flots confondus le tribut le ranime,
Dans son immensité leur nom et tout s'abîme.
Esprit séditieux, spectateur plein d'orgueil,
Entouré de débris, assis sur un écueil,
Si, tandis que tu vis, tout ce que tu contemples
De la destruction t'offrit les grands exemples,
Apprends à te soumettre, à respecter ton sort :
La vie était pour toi l'école de la mort.
Si ce souffle inconnu qui t'anime et qui pense
Souffre du changement et sent la décadence,
Si, lorsque tu péris, un même coup l'éteint,
Après cet attentat qu'est-ce donc que l'on craint?
La mort à la douleur te rend inaccessible;
Tes organes détruits, ton corps est insensible.
Mais si ce même esprit, par un bienfait des dieux,
Triomphant du trépas te survit dans les cieux,
Cesse de t'alarmer, ton cœur n'a rien à craindre,
Bénis plutôt le ciel, et rougis de te plaindre.
Dieu, l'être seul parfait, est débonnaire et doux,
Son immense bonté s'oppose à son courroux;
Nous, faibles vermisseaux, qui rampons sur la terre,
N'attirons point sur nous les éclats du tonnerre;
L'homme, ici-bas, tremblant, de dangers effrayé,