<38>Demeure à peine éclose
L'espace d'un matin.a

Ton glaive destructeur, ô malheureuse Europe!
Répand le sang abject et le sang précieux;
Il frappe également et le cèdre et l'hysope,
Et le soldat obscur et le chef généreux.
L'âge du vieux Nestor, la jeunesse d'Achille,
Les grâces, les vertus ne servent point d'asile
Contre l'arrêt du sort;
Cette race proscrite
Tombe et se précipite
Dans les bras de la mort.

Ah! pourquoi n'ai-je point la voix douce et sublime
De l'amant d'Eurydice ou du tendre Amphion?
J'irais, j'irais pour vous, ô prince magnanime!
Fléchir dans les enfers Rhadamanthe et Pluton;
Mes sanglots toucheraient la Parque inexorable,
Mes chants feraient tomber de sa main redoutable
Les rigoureux ciseaux;
Plus heureux que Thésée,
J'irais de l'Élysée
Ramener mon héros.


a Ces vers rappellent ceux de Malherbe :
     

Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses.
L'espace d'un matin.

Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille

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