<76>L'Autrichien répand l'or et la calomnie;
Ce tyran, pour dompter la libre Germanie,
Flatte, éblouit, corrompt des rois mal conseillés,
De ses vrais ennemis se fait des alliés.
Sa fière ambition, sa vengeance infernale,
Au fond de leur palais introduit la cabale;
D'un paisible automate on aigrit les esprits,
Là pleure une princesse, ici des favoris.
Il communique ainsi ses fureurs politiques
Aux dociles esprits des princes pacifiques
Qui, sans s'apercevoir de leur égarement,
Vienne, de ta grandeur deviennent l'instrument.
Je ressens les effets du crime qui les lie,
C'est moi qui suis puni de leur vague folie;
Persécuté, vaincu, mon sort m'a fait la loi,
Ou de vivre en esclave, ou de mourir en roi.
C'est en vain que l'on pense éviter son naufrage.
L'homme a-t-il le pouvoir de conjurer l'orage?
Et comment détromper des princes aveuglés,
Par des fourbes chéris sans cesse ensorcelés?
Pouvais-je enfin gagner des maîtresses perfides,
Ou réchauffer le cœur de nos amis timides?
Pouvait-on présager que jamais les humains
Verraient marcher ensemble et Français et Germains,
Et Russes et Suédois, tous étouffant leurs haines,
Réunis et d'accord pour me charger de chaînes;
Que l'Empire, entraîné par ce fougueux torrent,
Contre son protecteur s'armât pour son tyran?
Mais quittons ces faux dieux qui font gémir la terre,
Retournons aux hasards que j'éprouve à la guerre.
De nos fleuves germains tous les bords sont couverts