<88>Et la constance et la ferveur
Dont, ô mon adorable sœur!
Vous avez combattu ma fortune cruelle.
Voyez, parents ingrats, quelle est votre noirceur;
Comparez-vous à ce modèle,
Vous tous qui, pour votre malheur,
Ne sentîtes jamais si vous aviez un cœur;
Que cet exemple vous rappelle
Tout le sublime et la grandeur
De la tendresse fraternelle.
Ah! mon auguste sœur, pour chanter votre nom
Je laisse aux eaux de l'Hippocrène
Les soins de ranimer une vulgaire veine,
Et les Muses de l'Hélicon
Ne sont pas les dieux que j'invoque.
Plein d'une amitié réciproque,
Mon cœur me tient lieu d'Apollon;
Pour exprimer comme il vous aime,
Pour s'ouvrir ou se dévoiler,
Le sentiment suffit, il se peint de lui-même,
Et c'est à lui seul de parler.
Éclatez, doux transports de ma reconnaissance;
Portez au bout de l'univers
Le récit des complots de tant de rois pervers
Qui préparaient ma décadence,
Et le récit de la constance
D'une sœur qui pendant mes plus affreux revers
De tous mes ennemis a bravé la puissance,
Et voulut par persévérance
Partager avec moi le triomphe ou les fers.
Publiez ses vertus au delà des déserts