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CODICILLE.

Del Bene2 avait raison, j'adopte le système :
Le monde, disait-il, se gouverne lui-même.a
Les trônes, de son temps, étaient tous occupés
Par de faibles esprits de faste enveloppés,
Qui, flottant incertains au gré des conjonctures,
Signalaient tous leurs pas par de fausses mesures.
Les rois, depuis son temps, ne se sont point changés;
Par la honte des grands les sujets sont vengés.
Le siècle nous fournit des souverains en foule,
Jetés et modelés dans cet ancien moule;
J'en sais d'inférieurs à ceux de ce temps-là.
Autrefois Julien au public dévoila
De ses douze Césars l'esprit, les caractères.
Si j'osais, comme lui, révéler des mystères,
J'userais mes couleurs, j'userais mes pinceaux,
Avant que d'achever ces indignes tableaux.
Aristarque des rois, de mordante mémoire,
O toi, sage Arétin,b le fléau de leur gloire!
Ma voix t'invoquerait, afin que ton instinct
M'inspirât dans ton goût quelque couplet malin.
Cependant, cher lecteur, si la plaisanterie


2 Ministre des Médicis à Florence, grand prieur de Pise.

a Voyez t. X, p. 180 et 246.

b Voyez t. IX, p. 54 et 55; t. X, p. 163; et t. XII, p. 211.