<93>Ranimer des vertus les germes énervés;
Ce fut en vain; longtemps le vice qui les dompte
Effaça de leur front la pudeur et la honte;
Par le lâche ascendant de la corruption,
L'amour de leur pays n'était plus qu'un vain nom.
Dans les convulsions des discordes civiles,
Moments si dangereux, en désastres fertiles,
Au fort de la tempête, un flot impétueux
Pensa vous engloutir dans ses flancs orageux.
Des esprits échauffés la fureur effrénée,
Par des conseils cruels aigrie, empoisonnée,
Confondait tous les droits, ce qu'on pouvait tenter,
Et les objets sacrés qu'on devait respecter.
Ils osèrent saper les fondements du trône;
Mais votre fermeté soutint votre couronne.
Depuis, votre prudence, éludant leurs assauts,
Sut apaiser leur haine et mater leurs complots.
Qu'il en coûte, ma sœur, pour acquérir la gloire!
Depuis ce temps encore une trame plus noire,
Attaquant vos appuis, voulut vous isoler;
Sans honte à ses projets osant tout immoler,
Elle alluma soudain le flambeau de la guerre,
De ses bras énervés nous lança son tonnerre,
Poursuivit votre sang établi dans le Nord,
Et contre un empereur dirigea son effort.
A peine à tant de traits étiez-vous échappée,
A peine voyait-on la diète occupée
A rétablir la paix, objet de tous les vœux,
Que des troubles nouveaux et non moins dangereux
Remplirent votre cœur des plus vives alarmes.
Que ce royaume, ô dieux! vous a coûté de larmes!