<136>Sur le gros dos de monsieur Romanzoff,a
Qui, Dieu merci, demeura sain et sauf.
Lorsque au printemps notre ardente héroïne,
A Pétersbourg, parmi son peuple d'ours,
Choisit et prend, après qu'elle y rumine,
Un général que sa fureur destine
A guerroyer chez nous pour les deux cours,
Son vaste empire avec douleur enfante
Ce vrai César, ce fameux Buturlin;
Il vient, nous voit, et, prenant l'épouvante,
Dans la Pologne il va s'enfuir soudain,
Avec Bacchus, suivi de son butin.b
Ainsi, marquis, par mer comme par terre,
Ce peuple dur, ignorant et brutal,
Homme de corps, et d'esprit animal,
Balourdement s'est conduit dans la guerre.
Et pourquoi donc ces étranges rigueurs
Qu'en Moscovie exerça le czar Pierre
Pour adoucir ce peuple incendiaire,
Puisqu'il n'apprit de ses législateurs
Qu'à promener sur les pieds de derrière?
Il eut le knout et cent coups d'étrivière,
Pour se couper la barbe du menton
Et raccourcir un crasseux guenillon.
A tout ceci, que nous dira Voltaire?
Ce Buturlin doit le faire enrager.
Par quel effort sa plume mercenaire
En grands exploits pourra-t-elle changer
L'affront qui suit les pas de clerc d'un hère


a Voyez t. V, p. 148 et 149.

b Voyez t. V, p. 124 et 142.