<184>tait dans le cas, ou d'en faire nous-mêmes, ou de ne pas entrer à Strasbourg, il fallut prendre le premier parti, à quoi les armes prussiennes, que j'avais sur mon cachet, nous secondèrent merveilleusement. Nous arrivâmes à Strasbourg, et le corsaire de la douane et le visiteur parurent contents de nos preuves.

Ces scélérats nous épiaient,
D'un œil le passe-port lisaient,
De l'autre lorgnaient notre bourse.
L'or, qui toujours fut de ressource,
Par lequel Jupin jouissait
De Danaé, qu'il caressait,
L'or, par qui César gouvernait
Le monde heureux sous son empire,
L'or, plus dieu que Mars et l'Amour,
Le même or sut nous introduire,
Le soir, dans les murs de Strasbourg.

Vous jugez bien qu'il y eut de quoi exercer ma curiosité et l'extrême désir que j'avais de connaître la nation française en France même.

Là je vis enfin ces Français
Dont vous avez chanté la gloire,
Peuple méprisé des Anglais,
Que leur triste raison remplit de bile noire;
Ces Français, que nos Allemands
Pensent tous privés de bon sens;
Ces Français, dont l'amour pourrait dicter l'histoire,
Je dis l'amour volage, et non l'amour constant;
Ce peuple fou, brusque et galant,
Chansonnier insupportable,
Superbe en sa fortune, en son malheur rampant,
D'un bavardage impitoyable