<406>MARTIN.

Il lui dit : Me rendrez-vous, madame, ce sinistre contrat? Elle le refuse, et la guerre se déclare. Les filles aussitôt, en nymphes fugitives, quittent ces champs que Mars va désoler; Marie la sucrée, et Lise l'efflanquée, et Manon l'enjouée, et Caroline enfin, cherchent asile ailleurs. De cailloux amassés dans la rue nous armons nos magnanimes bras, et, les lançant avec force contre les fenêtres, dans un quart d'heure il n'y en eut plus. Puis nous cassons les miroirs, puis nous brisons les chaises, enfin les porcelaines, et un si beau magot de Saxe! Ah! que c'était dommage, monsieur! il était aussi beau que du Japon.

BARDUS.

Finiras-tu?

MARTIN.

Enfin, notre tapage alarme le quartier; un grand seigneur officieux vient pour négocier la paix. Mais nous, qui ne respirions que guerre, nous ne voulûmes point de médiateur, et nous le transportâmes des escaliers en bas.

BARDUS.

Il tomba?

MARTIN.

Tout de son long, la tête la première. (avec emphase.) Le bruit redouble alors; les auxiliaires arrivent.

BARDUS.

Quels auxiliaires?

MARTIN.

Les laquais, monsieur. (avec emphase.) On s'échauffe, on se mêle; l'un frappe d'estoc, l'autre de taille. Dans ce danger extrême, le généreux Bilvesée se distingue; comme un furieux, il fond sur ses adversaires. Pour moi, je suivais son panache rouge qui flottait sur sa tête; il me