<470>En secret contre lui dans mon âme murmure.
Les chemins, je le sais, de brigands infestés,
Du barbare tyran servent les cruautés;
Mon fils aura péri, c'est là ce qui m'afflige.
Mais quel est l'inconnu? Répondez-moi, vous dis-je.

EURYCLÈS.

C'est un de ces mortels du sort abandonnés,
Nourris dans la bassesse, aux travaux condamnés;
Un malheureux sans nom, si l'on croit l'apparence.

MÉROPE.

N'importe, quel qu'il soit, qu'il vienne en ma présence.
Mon cœur a tout à craindre, et rien à négliger.
Qu'il vienne, je le veux, je veux l'interroger.

EURYCLÈS (à Isménie.)

Vous serez obéie. Allez, et qu'on l'amène;
Qu'il paraisse à l'instant aux regards de la Reine.

MÉROPE.

Ah! concevez l'horreur de mes cruels ennuis.
Ce tyran qui poursuit, qui détrône mon fils,
Croit en m'offrant sa main ne point blesser ma gloire.

EURYCLÈS.

Vos malheurs sont plus grands que vous ne pouvez croire.
On prétend cet hymen, et le sort irrité
Vous fait de cet opprobre une nécessité.
C'est un cruel parti; mais c'est le seul peut-être
Qui pourrait conserver le trône à son vrai maître,
Et l'on croit ....

MÉROPE.

Non, mon fils ne le souffrirait pas.
Faut-il jusqu'à ce point pousser les attentats?
Pouvez-vous demander que l'intérêt surmonte
Cette invincible horreur que j'ai pour Polyphonte?